Critique : Les Aventures de Peter Pan

Julien Foussereau | 6 mars 2007
Julien Foussereau | 6 mars 2007

Parce qu'il a voulu, à travers Peter Pan, rappeler à chacun la nécessité de conserver son âme d'enfant, J.M. Barrie a pris soin de placer dans sa pièce le fameux péril de Clochette dans lequel Peter Pan interroge l'assistance quant à l'existence des fées. Les « J'y crois ! » répétés de cette dernière évitaient alors la mort certaine de Clochette. Spielberg cita directement cette scène au début d'E.T. car il était également question d'enfance retrouvée derrière cette belle amitié entre Elliott et le sympathique alien aux contours fécaux. Walt Disney décida de supprimer ce passage, pourtant essentiel, lorsqu'il entra dans le stade ultime de réalisation de Peter Pan pour la simple et bonne raison qu'il jugeait compliqué de faire interagir le public et l'écran. Curieusement, cela ne l'a nullement empêché de signer l'adaptation, la plus mignonne, la plus belle, la plus délirante, celle capable de réveiller chez l'exégète de Kierkegaard le plus rasoir l'écolier espiègle catégorie poids lourd qu'il a autrefois été… le tout en deux minutes trente.


Outre l'impressionnant savoir-faire technique porté par des génies comme Clyde Geronimi et Marc Davis, il faut bien reconnaître à la maison Disney son talent certain pour trousser des mélodies enivrantes. C'est dans cette combinaison visuel / musique que Peter Pan se révèle imparable : entre le vol enchanteur de London by night magnifié par des chœurs nous incitant à en faire de même et l'ensorcelant appel à la régression des Enfants Perdus (A la file indienne-euh, indienne-euh, indienne-euh, tous à la file indienne-euh, nous marchons en chantant, Ti Dum Ti Di A Ti Dou Li Dou Ti Dé…) Certes, les quelques râleurs récalcitrants pourront toujours arguer que Walt Disney a vidé la pièce et le roman originaux des aspects les plus sombres de son héros. Nous ne saurons trop leur conseiller de se pencher sur le cas P.J. Hogan.


La passion de Disney pour le héros de Barrie peut aisément s'expliquer : le refus de grandir du héros plus un pays imaginaire pluri thématique. Idolâtrait-il l'enfance plus encore que Barrie lui-même pour en gommer sa cruauté inhérente ? Peut-être. Cependant cette décision lui a permis d'accoucher d'un monde innocent et parfait sur le papier (vaste répétition générale avant Disneyland), où la loufoquerie des méchants achève de les rendre attachants, où l'on joue à se faire la guerre tout en sachant que l'on sera sauvé à temps, où l'envie de jouer et de câliner un crocodile vorace est malgré tout la plus forte…


Pas de doute, l'éternel Peter Pan selon Disney demeurera un merveilleux détour vers notre jeunesse chaque jour plus lointaine.

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