Critique : Re-Animator

Patrick Antona | 31 octobre 2006
Patrick Antona | 31 octobre 2006

Les années 1980 ne sont pas seulement cette période bénie qui vit la confirmation de maîtres, dans le domaine de l'horreur, tels que John Carpenter, Joe Dante ou Tobe Hooper mais demeurent le terreau d'où sorti de nouveaux talents aux ambitions bien trempées, tels que Sam Raimi, Peter Jackson ou encore Stuart Gordon.


Ce dernier, qui était le directeur du Chicago's Organic Theater, spécialisé entre autre dans le Grand Guignol, en association avec le producteur Brian Yuzna, se lança dans l'adaptation des nouvelles horrifiques de H.P. Lovecraft narrant les aventures du docteur Herbert West, cherchant contre vents et marées le secret permettant de faire revivre les morts. Le résultat, au bout de 18 jours de tournage, en fût Re-Animator, véritable petit bijou condensant avec force gore, humour, sexe et redefinissant d'un grand trait un des personnages qui demeurait l'apanage du cinéma gothique, le savant-fou.


Avec la révélation de Jeffrey Combs dans le rôle-titre, époustouflant dans la posture égocentrique du jeune docteur prêt à tout et qui, par certains accents, retrouve le mordant d'un Peter Cushing, Re-Animator s'enorgueillit d'un casting particulièrement attachant, avec d'un côté les jeunes Bruce Abbott et la scream-queen Barbara Crampton (qui avait déjà été remarquée dans Body Double) en amis/victimes de Herbert West, et de l'autre, dans la figure tutélaire du professeur avide de reconnaissance, l'inquiétant David Gale.


Dans l'accumulation de scènes-chocs disséminés tout au long d'une intrigue au couteau, et particulièrement respectueuse du style morbide de H.P. Lovecraft, l'humour en plus, il demeure deux instants qui sont particulièrement mémorables dans Re-Animator. La première étant la scène de la résurrection du chat, qui avec une économie de moyens, un éclairage savamment utilisé et des acteurs en complète improvisation réussit à être impressionnante par sa simplicité. Mais l'autre grand moment et qui allie avec bonheur la formule sexe & gore qui a fait le succès du film est la séquence dite du "cunninlingus à tête portée" qui demeure un des sommets de l'épouvante, au sens large du terme, et garde encore intact son impact vingt ans après sa première vision.


Le style de mise en scène théâtral accuse peut-être le poids des ans, mais c'est oublié un peu vite que Re-Animator est un premier film, qui avait la chance d'avoir une équipe galvanisée et talentueuse qui a donné naissance, malgré de faibles moyens, à l'un des meilleurs rejetons du cinéma d'horreur, un peu à la manière de ce que faisait Roger Corman dans les années 1960.


Par la suite, Stuart Gordon a souvent versé dans l'adaptation des histoires de H.P. Lovecraft, de From Beyond à Dagon, en passant par Castle Freak, sans vraiment avoir renouer ni avec le succès ni avec la pêche qui imprégnait Re-Animator. Mais il semble que son épisode de Masters of Horrors, toujours adapté de Lovecraft, et surtout Edmond marquent la résurrection d'un auteur qu'on a toujours un peu méjugé . Brian Yuzna, de son côté, s'attela à deux suites plutôt correctes, Bride of Re-Animator en 1990 et Beyond Re-Animator en 2003, tentant de renouer avec la veine du film de 1985 sans jamais réussir à l'égaler.

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