Critique : Le Magicien d'Oz

Flavien Bellevue | 7 décembre 2005
Flavien Bellevue | 7 décembre 2005

Il fut un temps où il fallait de peu pour émerveiller les petits et les grands. Une route de briques jaunes, des souliers aux rubis rouges, une bonne et une méchante sorcière, de merveilleux personnages de petites tailles, des chansons mémorables et un grand magicien ont suffit pour rendre Le magicien d'Oz éternel.


Bien avant le succès d'Harry Potter et prochainement des Chroniques de Narnia, Le magicien d'Oz suscitait chez les plus jeunes un engouement sans précédent. Plus qu'un film, l'œuvre de Victor Fleming est devenu, outre-atlantique, un trésor national. Bien qu'aujourd'hui, la frénésie soit moins forte, tous les enfants ou presque ont vu les aventures de Dorothée au pays d'Oz. En France et dans le monde entier, le film a beau être célèbre, il ne connaîtra jamais le statut que les américains lui réservent depuis des décennies. Fierté de tout un peuple, Le magicien d'Oz permet à tous les enfants d'être émerveillés et d'apprendre une morale de la vie. Tous les ingrédients pour les divertir sont là : de l'action (les scènes de la tornade et des attaques des singes volants), des personnages étranges et sympathiques (les Munchkins, le lion, l'homme en fer et l'épouvantail), du fantastique (avec Glinda, la sorcière du Nord, et la salle aux flammes du magicien d'Oz) sans oublier bien évidemment un personnage maléfique aussi charismatique qu'un Dark Vador, la méchante sorcière de l'Ouest et ses sbires – singes - volants. Le merveilleux est donc là pour inculquer des valeurs universelles telles que le courage et l'importance de l'amitié. Peu importe si nous, adultes, savons que le cheval d'Émeraudeville ne change pas de couleur pour de vrai ou que les décors sont faux, l'univers d'Oz est crédible aux yeux des plus jeunes, premier public visé. Au moment où Dorothée passe d'un monde triste en noir et blanc à un autre, magique, haut en couleurs, la magie opère et ce jusqu'au mot « The end ». C'est aussi pour cela que les anciennes générations passent le film aux nouvelles, le récit procurant un tel choc, un tel éblouissement, qu'on veut absolument partager ce moment et le revivre à nouveau.


L'une des autres forces du Magicien d'Oz provient de sa capacité à se jouer du temps. Non content de tenir toujours ses promesses en matière de divertissement, le film de Flemming acquiert d'autres niveaux de lecture lorsque le spectateur grandit. On s'aperçoit alors qu'il fait office de passage entre l'enfance et l'âge adulte (le message final) et que l'aspect merveilleux du récit est loin d'être aussi primordial. On y voit une Dorothée dans un Kansas en sépia, seule, qui ne peut compter sur personne et qui doit affronter une terrible tornade par ses propres moyens. Dans le monde d'Oz, la sorcière du Nord, Glinda, ne peut lui offrir que des souliers de rubis rouges (qui lui sont utiles qu'à la fin de son voyage) et ses paroles pour l'aider ; le magicien d'Oz, lui, s'avère être un homme perdu et un mauvais magicien, opérant derrière un rideau. Quant à ses compagnons, ils ont tous un handicap majeur en contradiction avec ce qu'ils sont ; le lion est peureux, l'homme de fer rouille encore et l'épouvantail est dénué de bon sens car il n'a pas cerveau. Malgré ces faiblesses, la jeune Dorothée, pleine de courage et d'espoir, permet de rallier ces personnages en leur donnant l'impulsion pour aller jusqu'au bout de leur quête. En s'entre aidant, chacun parvient à se découvrir et à se dépasser. Le film tend à dire aux jeunes qu'ils ne doivent pas avoir peur de faire ce chemin vers l'âge adulte et qu'évidemment cela ne vaut que si on est aimé par ses proches. Même si on aimerait rester dans le monde « coloré » de l'enfance plutôt que dans le monde « sépia » des adultes…


Source d'inspiration pour de nombreux films, Le Magicien d'Oz continue de fasciner et ce aux quatre coins de la planète. De Mamoru Oshii avec Avalon à Kerry Conran avec Capitaine Sky et le monde de demain, les clins d'œil et les hommages ne se comptent plus. On notera certaines similitudes également avec Le Seigneur des anneaux dont les hobbits rappellent les Munchkins ou encore Sauron, gardant son œil unique sur Frodon, qui fait référence à la sorcière borgne de l'Ouest du conte original de L. Frank Baum et qui surveille les mouvements de Dorothée et de sa « communauté ». Parmi les plus grands films qu'Hollywood ait produits au cours du siècle précédent, Le Magicien d'Oz tient une place bien particulière, celle d'un film éternel...


À noter que d'autres versions du magicien d'Oz avec des effets spéciaux plus ou moins poussés, tenteront d'égaler celle ci sans jamais y parvenir. Parmi elles, Oz, un voyage extraordinaire (1985) de Walter Murch avec Fairuza Balk et produit par les studios Disney et le mésestimé The Wiz (1978) de Sydney Lumet avec Diana Ross et Michael Jackson qui n'est autre qu'une vision pessimiste de la version de 1939 avec la musique soul de Quincy Jones.

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