Critique : Les Exécuteurs de shaolin

Patrick Antona | 28 octobre 2005
Patrick Antona | 28 octobre 2005

Troisième film réalisé par l'acteur et chorégraphe d'arts martiaux Liu Chia Liang, Les Exécuteurs de Hong-Kong, sorti en 1977, est une oeuvre majeure dans le cinéma de kung-fu et ce à plus d'un titre. Reprenant tout un pan de la mythologie Shaolin déjà utilisée par la Shaw Brothers depuis le début des années 70, Liu Chia Liang décrit la lutte sans pitié que se livrèrent les derniers héritiers de la philosophie martiale bouddhiste au sanguinaire moine Pai Mei interprété par Lo Lieh (à longue chevelure blanche devenue célèbre) tout en brassant tous les thèmes qui seront à la base de nombre de ses films à venir.



Débutant par une scène de massacre que n'aurait pas renié Chang Cheh (avec un Gordon Liu encore chevelu subissant le supplice des flèches), le récit prend alors le chemin de la romance musclée entre Hung Hsi-kuan (Chen Kuan Tai) et Fang Yung-chun (Lily Li), personnages historiques ayant vraiment existé et dont l'union est à la base des arts martiaux modernes. Ce passage dans le domaine de la comédie matrimoniale (sous-genre qu'affectionne très particulièrement Liu Chia Liang) nous vaut quelques passes d'armes assez savoureuses dont la plus notoire est la lutte de Hung Hsi-kuan pour accéder à la couche nuptiale de Fang Yung-chun, le succès masculin étant bien sûr acquis mais au bout de nombreux efforts.


Vient ensuite la partie apprentissage, autre passage obligé, où cette fois-ci Hung Hsi-kuan tentera d'acquérir la maîtrise parfaite pour vaincre le moine Pai Mei. Ce qui nous vaut cette scène géniale où il se perfectionne avec un mannequin métallique où les points névralgiques sont symbolisés par des billes de fer. Ou ces séquences plus comiques où il éduque avec peine son fils Hung Wen-Ding (Wong Yu). La notion de passage de flambeau, si intrinsèque à l'oeuvre de Liu Chia Lang, devient emblématique car il est ici question de la survivance et de l'évolution de tout un pan de la technique du kung-fu et des arts martiaux, évoqué en l'espace de quelques saynètes fabuleuses. Mais refusant d'accepter les conseils de sa femme par pur machisme, Hung Hsi-kuan échouera et c'est son fils qui lors d'un final bondissant et mouvementé (nombreux coups au niveau de l'entrejambe à prévoir !) réussira à venger Shaolin en réussissant la synthèse entre la technique du tigre de son père et celle de la grue enseignée par sa mère.


Film-charnière et composite, Les Exécuteurs de Shaolin est le creuset dont nombre de films seront issus, à la fois violent (le sang coule à flots) et chorégraphié avec maestria, drôle mais non porté sur la gaudriole, étant en cela un modèle de kung-fu comédie. Il se hausse largement à la hauteur de sa réputation et on comprend désormais mieux pourquoi il fut porté au pinacle par de nombreux réalisateurs occidentaux, dont un certain Quentin Tarantino qui fera porté les sourcils blancs du moine Pai Mei par Gordon Liu dans Kill Bill 2 !

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