Critique : Goldorak

Pierre Poli | 5 septembre 2005
Pierre Poli | 5 septembre 2005

Malgré les nombreuses discussions que peuvent encore avoir aujourd'hui ses fans et ses détracteurs, il demeure un fait indéniable : l'arrivée de Goldorak durant l'été 1978 sur Antenne 2 a tout simplement révolutionné l'univers du dessin animé en France. Et pourtant, rien ne prédestinait cet animé à un tel succès. Goldorak, Ufo Robot Grendizer de son vrai nom, est en fait la troisième partie d'une trilogie de robots issue tout droit de l'imagination d'un auteur prolifique et reconnu au Japon, Go Nagai. Très rapidement adaptée en animé par la Toei Company, ses deux premiers volets (Mazinger Z et Great Mazinger) rencontrent un vif succès auprès du public japonais. Cependant, URG va présenter une nette cassure avec ce que Go Nagai avait l'habitude de faire ou plutôt ce dont il avait habitué son public. Le fait notamment que le précédent héros Koji Kabuto (Alcor dans nos vertes contrées) soit ravalé au simple rang de faire valoir d'un nouveau héros extra-terrestre va tout simplement provoquer la désaffection du public.


Ramené en France par Jacques Canestrier, plutôt comme une curiosité abordable que comme série à potentiel, Grendizer, rebaptisé Goldorak, habile mélange de Goldfinger (le film) et Mandrake (le célèbre magicien) crève l'écran dès sa première diffusion et ce au grand étonnement de toute la profession dont l'interrogation principale est de savoir ce que peut bien trouver le public d'agréable là-dedans. Outre le fait que l'animé tranche très nettement avec tout ce qui pouvait passer à l'époque en matière de programmes pour enfants, il est aisé de comprendre le ravissement de tout ces jeunes garçons qui voient apparaître comme par magie sur leur écran de télévision ce qui n'était alors reléguer qu'à un rang de fantasme (un robot surpuissant à l'arsenal presque inépuisable qui explose à longueur d'épisodes des méchants robots-monstres tous aussi impressionnants). Goldorak a aussi pour lui le fait d'aborder des thèmes beaucoup plus matures qu'il n'est pas coutume alors de voir traiter dans de banals dessins animés. Ainsi seront évoqués entre autre plus ou moins ouvertement l'écologie, la maladie, la trahison, le sacrifice ou encore le dévouement. On passe ici du simple divertissement à quelque chose de plus élaboré, plus violent mais contenant une intrigue bien définie avec son lot de complots et de conflits le tout reposant sur des personnages rendus par la force des choses charismatiques.


Au delà des qualités intrinsèques que le public va immédiatement reconnaître et adopter, spécialement tout le côté très recherché des méchas (Goldorak et les Raks tout comme leur base mais aussi tout le mécha-design des Forces de Vega et de leurs robots), le doublage commandé par les diffuseurs va se révéler être une réussite remarquable et transcender la série. Particulièrement soigné et interprété par de vrais professionnels, il est le témoin d'une époque où l'argent n'influait pas encore sur la qualité. Ainsi si les personnages sont charismatiques, ils le doivent avant tout à leurs doubleurs qui se sont surpassés allant jusqu'à conserver le concept innovant des cris lors des attaques en l'adaptant dans la langue de Molière créant pour l'occasion un lexique qui va tout simplement entrer dans l'histoire.


Ce procédé a contribué à accentuer très fortement l'émulation entre le public et Goldorak. Les spectateurs apprennent à connaître ses attaques et finissent par en anticiper avec joie le lancement de tel ou tel autre. Le génie du directeur de doublage et de son équipe a tout simplement été de créer de toutes pièces les noms français de ses coups (comme cela sera d'ailleurs le cas de tout le bestiaire de Goldorak). Un coup fulgurant qui part des poings de Goldorak devient un « Fulguro-poing », un autre coup issu des cornes du robot, du « Corno-fulgure » ou encore un laser qui repousse ses ennemis, un « Retro-laser ». Simple mais efficace et jouissif quand on sait que le nombre d'attaques de Goldorak par épisode peut dépasser la vingtaine. Qui aujourd'hui d'ailleurs pourrait se vanter de ne jamais avoir entendu parler d'« Astéro-hache » ?


S'il est une autre chose qui transcende la série, ce ne peut être que les compositions de l'indémodable Shunsuke Kikuchi qui avec une OST simple mais adaptée, contenant son lot de morceaux entraînants et des thèmes savamment tristes et touchants, rend encore plus prenante la grande aventure Goldorak.

Ce sont toutes ces raisons et probablement d'autres propres à chaque fan qui font encore aujourd'hui de Goldorak une série phare appréciée des jeunes et des moins jeunes, championne des rediffusions sur le réseau hertzien et championne du nombre de génériques « made in France ». Malgré son âge avancé (le gentil robot va souffler ses 30 bougies), Goldorak restera toujours aussi prenant et regardable, sans nul doute grâce au talent de ses deux chara-designers principaux (Kazuo Kumatsubara et Shingo Araki).

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