Critique : Some

Stéphane Argentin | 6 juillet 2005
Stéphane Argentin | 6 juillet 2005

Troisième long-métrage de Jang Yun-Hyeon après The contact (inédit en France) et La 6ème victime, Some possède les mêmes qualités mais aussi les mêmes défauts que ce dernier, sorti dans les salles françaises en juin 2002.


À l'époque, La 6ème victime (qui date en réalité de 1999 mais mis près de trois ans avant de sortir en France), surfait sur la vague des films de serial killer à la Se7en et autres Silence des agneaux, sans toutefois parvenir à nous replonger dans une tension psychologique aussi réussie que ses illustres modèles américains. La faute en incombait à ce jeu de pistes entre le détective et le tueur en série qui finissait par lasser le spectateur à force d'alterner des pics d'intensité et des phases de recherche d'indices qui, pour ces dernières, n'évitaient pas l'écueil de la morosité.


Cinq ans plus tard, Some surfe désormais sur la nouvelle tendance en vogue : les films « course-contre-la-montre » mâtinés d'un soupçon de fantastique. Et malheureusement, une fois encore, le résultat est en dent-de-scie. Après une entrée en matière à l'aide d'un prégénérique des plus réussis, le premier tiers du film est tout aussi intriguant et solidement construit. Quel rapport y a-t-il entre le flic, la présentatrice radio et les trafiquants ? Qui sont toutes ces personnes qui se cachent derrière ces pseudos de GSM ?(au passage, combien de longs-métrages contemporains ne seraient pas dans la merde si le téléphone portable n'avait pas été inventé) Que vient faire cette histoire de drogue et de piratage internet au bout milieu de tout cela ? Et enfin, à quoi correspondent toutes ces visions fantomatiques dont est victime cette journaliste ?


C'est ensuite, une fois passée cette mise en place des différentes pièces du puzzle, que survient le même problème que pour La 6ème victime : le manque de rythme et l'ennui qui guette. En effet, Some, tout comme son prédécesseur, alterne alors les révélations supposées nous mener petit à petit à la résolution finale avec des scènes nettement plus « fortes ». Dans un cas comme dans l'autre, il faut toutefois reconnaître les grandes qualités de mises en scène et d'interprétation, aussi bien lorsqu'il s'agit des visions prémonitoires, des scènes purement policières (des interrogatoires et passages à tabac digne de Sur la trace du serpent ou encore Memories of murder) ou encore des combats au corps à corps (la Corée étant traditionnellement plus portée sur ce type d'affrontement ainsi que sur l'emploi des armes blanches plutôt que des armes à feu).


Hélas, entre chacun de ces pics d'intensité (avec une mention spéciale à la séquence dans la cage d'escalier, magistralement angoissante), Some avance péniblement jusqu'à son whodunit final qui referme (enfin) le récit sur lui-même sans pour autant nous surprendre outre mesure (la lassitude peut-être ?) sur l'origine de ce sang recouvrant le pull de la journaliste en ouverture du film. À l'arrivée, on se dit qu'une bonne demi-heure de moins pour traiter cette course contre-la-montre, comme pour la précédente chasse au serial killer (les deux films font à peu de chose près la même durée) n'aurait pu être que bénéfique. Par chance, une 7ème victime a été épargnée : le spectateur, Some ayant opté pour une durée de deux heures et non un récit en temps réel à la 24 heures chrono !

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