Critique : Exils

La Rédaction | 4 mai 2005
La Rédaction | 4 mai 2005

Après Gadjo Dilo et Je suis né d'une cigogne, Tony Gatlif refait appel à son acteur fétiche, Romain Duris. Le cinéaste retourne sur sa terre natale, l'Algérie, pour nous raconter l'histoire d'un couple qui part à la recherche de ses origines. Sur un coup de tête, Zano et Naïma entament un long périple vers Alger, ville de leurs ancêtres, qui leur apportera peut-être des réponses sur leur identité. Les personnages se cherchent, toutes ces interrogations les perturbent et perturbent leur manière de communiquer entre eux. Ils ne savent plus qui ils sont, par conséquent, leur couple s'en trouve entaché : les éclats de voix fusent et leur relation devient purement charnelle, comme si leurs corps exprimaient tout ce qu'ils ne parviennent pas à se dire avec des mots. Lubna Azabal incarne la compagne de Romain Duris et apporte toute sa sensualité, offrant à son personnage une part d'ambiguïté supplémentaire. Elle aussi est déracinée, ni complètement française, ni complètement algérienne, d'ailleurs elle ne parle pas l'arabe et essaie de l'apprendre. Savoir qui elle est lui permettra de mieux se construire.


Malgré toute la bonne volonté de Tony Gatlif et des deux acteurs principaux, la mayonnaise ne prend pas. Le spectateur accompagne Zano et Naïma dans leur trop long voyage, s'ennuie et cherche lui aussi à s'exiler… Sûrement à cause de la lenteur du film… mais aussi parce que ce dernier ne s'adresse qu'aux personnes qui ont vécu cette histoire, qui du coup se reconnaîtront (comme les intervenants du documentaire proposé en bonus) car ils seront passés par ces étapes. Pour les autres, il devient de plus en plus difficile de s'attacher aux personnages et de maintenir leur attention, faute de dialogues. Oui, leur quête est touchante mais au final, elle peine à réellement nous interpeller. Tout cela pour s'achever sur une scène de transe, à la limite du mystique (et du supportable), à la fois étrange et interminable. Exils s'est vu offrir le Prix de la mise en scène au dernier Festival de Cannes, on se demande encore pourquoi, tant celle-ci paraît plate, monotone et quasi inexistante.

Sophie Doinel

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire