Critique : Double agent

Stéphane Argentin | 16 mars 2005
Stéphane Argentin | 16 mars 2005

Depuis sa « renaissance » au milieu des années 90, le cinéma sud-coréen n'a cessé d'explorer dans une majorité de long-métrages, tous genres confondus, la scission géopolitique nord-sud qu'a connu le pays au temps de la guerre froide, généralement pour mieux en présenter tous les ravages sociaux contemporains. À ce jour, le plus beau fleuron de cette démonstration par l'absurde reste JSA – Joint Security Area qui, au travers d'un brillant thriller diplomatique, avait su apporter la preuve indubitable que les individus embarqués malgré eux dans cette séparation imaginaire ont finalement beaucoup en commun.


De par son titre, Double agent laissait à priori entrevoir avant tout un film d'agents secrets. Au fil de l'histoire, on découvre très vite qu'il s'agit moins d'un récit d'espionnage que d'un drame humain s'inscrivant une fois de plus sur les innombrables similitudes sociales au delà de la simple différence de régime politique (un nord communiste et un sud républicain). Cette orientation étant acquise, on s'attend alors à une nouvelle démonstration réussie sur les absurdités de cette séparation avec, comme élément central, les troubles identitaires des individus / agents secrets impliqués (avec en point d'orgue de cette débilité, les scènes de torture où l'agent double doit interroger l'un de ses propres « camarades »).


Mais, à trop vouloir jouer la carte de la sobriété (la seule vraie poussée d'adrénaline nous replongeant en plein suspense intervient vingt minutes avant la fin), tout en évitant le pathos sentimental (la relation amoureuse entre les deux agents nord-coréens ou encore l'amitié entre l'agent nordiste et son Saint Bernard sudiste, toutes deux beaucoup trop neutres pour nous émouvoir), Double agent s'étire en longueur et ne parvient que modérément à nous captiver. Si l'on pourra donc saluer le très grand soin apporté au scénario (aucune absurdité, pas de happy end), à la mise en scène (aucun effet de style dans le montage, la photographie ou encore les mouvements de caméra) ainsi qu'à l'interprétation, Double agent aurait peut-être gagné en intensité en délaissant ne serait-ce qu'une petite partie de sa froideur / neutralité au profit d'un peu plus de chaleur / fiction.

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