Critique : La Légende du Cid

Patrick Antona | 5 mars 2005
Patrick Antona | 5 mars 2005

Avec ce premier film d'animation produit par Filmax, la compagnie espagnole qui monte (Les Enfants d'Abraham, The Machinist), l'Espagne démontre avec La légende du Cid qu'elle possède les talents nécessaires pour une industrie cinématographique capable d'explorer désormais tous les genres.
Mais au vu du résultat final, les auteurs du film auraient été peut être plus inspirés de ne pas s'attaquer à un sujet aussi monstre pour un premier essai, le film n'étant pas une réussite à 100 %, quoiqu'il reste un produit estimable.

En reprenant l'histoire universellement connue du chevalier Rodrigue Diaz de Vivar (1043-1095), qui fut une figure légendaire de l'histoire espagnole et de la lutte contre l'envahisseur arabe au Moyen-Age, que magnifia notre Corneille national (l'auteur de théâtre pas le chanteur !) et un film non moins admirable d'Anthony Mann avec Charlton Heston dans le rôle-titre, Julio Fernandez, producteur, et José Pozo, réalisateur, ont mis la barre très beau, en surfant sur la vague du renouveau du cinéma épique.

Après une première partie très conforme à l'histoire, avec la peinture de la situation historique de l'Espagne à l'époque, la description des luttes d'influence au sein même des rois chrétiens (et de l'aide qu'ils eurent aussi de la part de certains princes arabes) jusqu'au drame qui verra Rodrigue tuer celui qui était destiné à être son beau-père, le film s'égare ensuite dans un côté « disneyen » complètement hors de propos, avec violence suggérée (un comble pour un film sur la chevalerie) et même un animal de compagnie intelligent (un blaireau !) collant aux basques du héros ! Même si le film est fait pour les enfants de moins de 13 ans, un peu plus de virulence et moins de fadeur n'auraient pas été de trop.

    

De plus, les auteurs ont oublié une chose essentielle : l'alchimie du couple Rodrigue-Chimène. La notion d'amour/haine qui les relie est ici ravalée à une péripétie de scénario, et non comme le point central de l'histoire. On peut concéder au film une certaine pointe d'universalité dans l'amitié entre Rodrigue et le Prince Arabe Al Mutayan, alliés contre le fanatique Ben Yussuf, et de faire un parallèle entre la situation à l'époque et celle de notre monde d'aujourd'hui.
Côté direction artistique, le choix assumé d'affubler les personnages masculins de corps énormes avec des membres et une tête minuscules peut sembler être une faute de goût, et l'utilisation de la 3-D pour les scènes de cavalcade encore perfectible. Mais le graphisme est de bonne facture, les décors monumentaux, l'animation des corps est souple (quoiqu'un peu saccadée dans les scènes d'action) ainsi que les expressions de visage soignées, rendant le film largement supérieur à tous les direct-to-DVD que Disney nous abreuvent.

    

Au final La légende du Cid se révèle être un honnête divertissement, avant tout réservé aux plus jeunes, et qui a d'ailleurs obtenu le Goya 2004 du meilleur film d'animation, l'équivalent espagnol de l'Oscar.

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