I, Robot : critique ail et grand beau

Thomas Douineau | 16 mai 2023 - MAJ : 17/05/2023 11:04
Thomas Douineau | 16 mai 2023 - MAJ : 17/05/2023 11:04

L'auteur de ces lignes se souvient de sa réaction de rejet spontanée devant l'affiche racoleuse représentant un Will Smith, bonnet sur la tête, dans une pose de mannequin qui n'était pas sans rappeler le nauséeux Bad Boys II et son défilé de mode interminable. L'acteur aurait-il déjà oublié sa transformation étonnante en Mohamed Ali chez Michael Mann ? Cette impression fut renforcée quand arriva la bande-annonce tapageuse d' I, Robot où notre rappeur de service dégommait du robot à tout-va sur fond de blagues et de musique pop.

MOI, REALISATEUR

Et la surprise fut totale ! En adaptant la nouvelle d'Isaac Asimov, Alex Proyas, réalisateur talentueux de The Crow et Dark City, signe non seulement un divertissement efficace et impressionnant, mais montre aussi qu'il n'a pas complètement vendu son âme au diable, gardant une grande partie de son identité visuelle. Car I, Robot, sous couvert de films d'action à gros budget pour mangeurs de pop-corn, est en fait une véritable fable dévoilant une intelligence de mise en scène et un don de conteur (presque) intacts chez Proyas.

 

Photo Will Smith, Shia LaBeoufTire sur mon doigt

 

En effet, une fois passé les nécessités mercantiles de l'entreprise (le film en tant que gigantesque spot de pub) que le réalisateur prend un malin plaisir à expédier en cinq minutes, le film dévoile sa vraie identité et ses intentions, pour peu que l'on sache gratter sous le vernis hollywoodien. Derrière les scènes d'action obligées se cache en fait un vrai conte sur l'identité humaine qui n'est pas sans rappeler Ghost in the shell, de Mamoru Oshii ou A.I. : Intelligence artificielle, de Steven Spielberg.

On remerciera donc Proyas de garder ces films en ligne de mire et, à l'image des ces prédécesseurs, d'attaquer I, Robot sous l'angle de l'émotion. Émotion synthétisée par un vibrant Sonny en images de synthèse, aussi convainquant qu'un Gollum dans Le Seigneur des anneaux, et qui arrive à toucher le spectateur au travers de scènes clefs qui laissaient présager de ce qu'était le scénario de Jeff Wintar avant de passer à la moulinette hollywoodienne (la scène de l'interrogatoire, la prise de conscience par Sonny de sa condition, la fin pour laquelle Proyas s'est battu et qui soulève d'autres questions…).

 

Photo Will Smith, Bridget MoynahanLe futuuuuur

 

BLADE RUNN GETTIN' JIGGY WIT IT !

Certes, nous sommes très loin de Blade Runner, le chef-d'œoeuvre de Ridley Scott dont I, Robot reprend l'essentiel des thématiques : les robots ont-ils une conscience, une mémoire ? Qu'est-ce qui nous différenciera d'eux s'ils sont capables d'émotion ? Qu'est-ce que l'âme ? Le film de Alex Proyas en reprend même les personnages.

 

I, Robot : Photo, Will SmithOù est Sonny ?

 

Outre le jeu outrancier de Will Smith, cet éloignement est dû en partie à un manque de consistance dans la démarche de Alex Proyas (mais le studio, quand il signe pour 115 millions de dollars, ne veut pas de forte tête) et à une approche nettement moins humaine, viscérale, organique voire poétique, du sujet.

Ce constat, en plus de révéler les différences fondamentales entre Philip K. Dick et Asimov, montre que I, Robot est certes un très bon divertissement, mais pas non plus un grand film.

 

I, Robot : Affiche officielle

Résumé

Un très bon divertissement, mais certainement pas un grand film.

Autre avis Geoffrey Crété
La rencontre entre Alex Proyas et Asimov laissait espérer de la science-fiction solide, ancrée dans l'émotion et la réflexion, et installée dans un bel univers. A la place, I, Robot est un banal blockbuster articulé autour de Will Smith, et qui a tout d'un produit de studio.
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Lecteurs

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commentaires
alshamanaac
16/05/2023 à 21:19

Alex Proyas...
on a tous cru que le mec allait avoir une carrière de fou après The Crow et Dark City...
au final une filmo rachitique avec des grosses bouses comme I,Robot / Prédiction / Gods of Egypt... le seul que je jugerais pas dans sa filmo c'est Garage Days qu'il a fait juste avant I,Robot et qui est sorti dans un circuit très limité. J n'ai jamais eu l'occasion de le voir (bon le trailer est pas spécialement engageant...)

Ca me fait penser à des Richard Kelly... Andrew Nicoll... Neill Blomkamp... Des mecs qui ont su sortir un bon gros film de derrière les fagots, Donnie Darko / Gattaca - Lord of War / District 9 et qui derrière n'ont jamais su transformé l'essai... en réalisation des films moyens au mieux, voir des grosses daubes...

Ca pourrait faire un dossier sympa ECRAN LARGE ;-)... "Ces réals qui 'n'ont pas conclu"

Pulsion73
19/10/2018 à 13:47

@corleone, Whaaaaaat ?? ^^. Gods of Egypt culte dans quelques années ?! C'est du 3e degré ? Cette bouse indéfendable ? Laid, mal joué ? Et ben.....ça me scie la nouille de lire ça. ^^. C'était pour plaisanter hein ? Je l'savais, bien joué !

simon44000
19/10/2018 à 11:13

le film qui passe 5 fois par semaine depuis 10 ans ^^ !!!!

sylvinception
19/10/2018 à 10:04

"Un très bon divertissement, mais certainement pas un grand film."
Parfaitement résumé.

Je ne sais pas ce qui est le plus agaçant... Le "Will Smith show" ?? Ou le placement de produits quasi-constant ?? Les deux ??

Qu'il est loin le Proyas de The Crow et Dark City...

corleone
19/10/2018 à 10:00

J'ai bien aimé Gods of Egypt dont je me suis même procuré le bluray divertissement familial honnête sans prétention. Je me dis qu'il deviendra probablement culte dans quelques années.

Thierry
19/10/2018 à 08:27

Je suis d'accord avec Raiden, Gods of Egypt est un grand film, avec une photo magnifique et des scènes dantesques, tout comme I, Robot. :))

Raiden
19/10/2018 à 07:29

Ce film et Gods of egypt sont des chef d'oeuvres incompris !!
Et Alex Proyas est un génie incompris et sous estimé !!

Cheval
18/10/2018 à 22:07

C’est vrai que j’aurai beaucoup aimé voir Proyas s’approprier totalement le scénario (à défaut du materiau de base) dans la veine de Dark City ou de The Crow.
Mais bon, ça reste un film de mon adolescence, que je regarde sans déplaisir, et encore plus aujourd’hui, maintenant que je saisis les petites saillies thématiques et scénaristiques qui percent ça et là la croûte du scénario hollywoodien plan-plan.
(Un robot peut-il peindre un tableau ? Écrire une symphonie ?
- Le pouvez vous ?)

rv
18/10/2018 à 21:22

d un autre coté les adaptation d Asimov... y en a pas des tonnes.

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