Critique : Bernie

Thomas Douineau | 1 mars 2005
Thomas Douineau | 1 mars 2005

Actualité DVD chargée pour Dupontel puisque juste après la sortie de son one man show et de ses sales histoires réunis sur le Sale DVD (lire le test), voici la réédition de son premier film : Bernie. Cheminement somme toute logique tant son premier long-métrage est le prolongement des ses délires scéniques et inversement, tant son spectacle a été le tremplin de ce qu'il a toujours voulu faire : du cinéma. Avoir la possibilité de voir les deux trônés dans sa DVDthèque est une bénédiction.

Putain de taré !

En 1995, Bernie débarque sur les écrans et c'est un coup de pelle violent dans la tronche du cinéma français et de la société en général. Le film se transforme immédiatement en succès et a acquis aujourd'hui le statut de film culte à l'image, quelques années plus tôt, d'un C'est arrivée près de chez vous qui joue sensiblement sur le même registre.

Bernie est un film à l'humour très noir, cruel, provocateur, dérangeant, irrévérencieux, terrible, touchant, hystérique, émouvant, drôle… et pas drôle à la fois. De là à dire qu'il ressemble à son auteur, il n'y a qu'un pas qu'on se gardera de franchir. Pourtant, on y sent poindre une colère sourde dénonçant toutes les tares de la société. Bernie possède les qualités et les défauts d'un premier film réalisé par une personne qui rugit en son for intérieur. Il en a l'énergie salvatrice et un bouillonnement trop intense.

Mais la grande réussite de Bernie est de rire de choses terribles, de nous brosser le portrait d'un personnage dérangé et psychotique (normal, il a été trouvé dans une poubelle !) qui, dans un même plan, peut nous apparaître ange et l'instant d'après démon. L'originalité de cette première œuvre naît de ce cocktail insolite de tendresse et de colère doublé d'un univers visuel qui emprunte à la BD, aux cartoons, aux frères Coen, aux Monthy Python, à Chaplin. Mais Dupontel, en cinéaste autodidacte, brasse toutes ses influences pour en ressortir quelque chose d'unique, une entité à part entière qui ne ressemble à rien de connu, sinon du Dupontel. Mais un Dupontel qui fait du cinéma comme en témoigne la devise qui a du l'animer pendant tout le tournage : une idée par plan.

Tout ceci fait de Bernie un film qui s'ancre profondément dans une époque et on comprend son succès au-delà des frontières. Bernie, par son personnage et les travers qu'il met en scène à quelque chose d'universel. On sait que Dupontel ne remontera plus sur scène et qu'il ne vit maintenant que pour le cinéma. Mais une question se pose alors : aujourd'hui, dans le paysage actuel du cinéma, pourrait-t-il refaire un film aussi radical et aussi fonceur que ce Bernie ?

Résumé

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commentaires
fys
24/10/2018 à 12:53

1996, il y a plus de vingt ans maintenant est sorti « Bernie », le film de et avec Albert Dupontel. C’est ce film qui me l’a fait découvrir. Je le revois de temps en temps. Il a une part de film culte. Bernie découvre notre monde ! Bernie est un gamin attardé et violent (29 ans bientôt 32…). Il nous dit que notre société est son miroir : attardée et violente elle aussi. Voilà pour le fond de l’histoire.
Concernant la forme, le film se veut l’héritier de l’humour noir, filiation à Hara Kiri, à Reiser (avec le film « Gros dégueulasse » avec Maurice Rich), aux nuls de canal et aussi aux Monty Pythons. Pour ma part je trouve que c’est loupé, qu’il y a malheureusement franchissement de la ligne rouge; et même si on trouve d’excellentes idées, leurs mises en scène sont vraiment trop trashs et le film est définitivement saboté par sa violence gratuite. C’est bien dommage parce que sinon, on avait là un véritable « ovni » du cinéma français. Je l’ai revu récemment avec beaucoup de déception.

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