Critique : Nicky Larson

Pierre Poli | 3 octobre 2004
Pierre Poli | 3 octobre 2004

C'est du côté de Beez qu'il faut se tourner, en ce début de mois d'octobre, pour trouver la nouveauté qui fera indubitablement plaisir à l'ensemble des fans de japanimation et des nostalgiques de l'ère du Club Dorothée.
La série culte City Hunter, plus connue dans nos vertes contrées sous le nom de Nicky Larson, débarque enfin en zone 2 sous la forme d'un digipack regroupant les 25 premiers épisodes de la saison 1.

C'est à Tsukasa Hôjô que l'on doit l'hilarant personnage de Ryo Saeba (aka Nicky Larson) et tout le petit monde qui l'entoure. Le bonhomme fait ses débuts dans le manga avec une série policière dont le dessin n'est pas parfait mais dont l'histoire, très bien ficelée, séduit le public japonais. Le succès est suffisant pour que la grande Tokyo Movie Shinsha récupère les droits et produise, sur deux ans (1983 et 1984), une première puis une seconde saison d'un animé qui deviendra célèbre chez nous : Cat's Eye.
Auteur à présent reconnu, Hôjô songe dès 1983 à une nouvelle série, mais l'idée qu'il en a reste assez floue. Il préfère terminer avant tout son travail sur Cat's Eye, dont la publication s'achève en 1984. Il embraie alors l'année suivante avec sa nouvelle histoire, qu'il a eu le temps de faire mûrir. Ryo Saeba, le City Hunter, vient de naître.

Le concept est basique mais efficace, et surtout totalement innovant à l'époque : Hideyuki Makimura et son associé Ryo Saeba possèdent en commun une agence de détectives privés. Ryo étant un sacré obsédé sexuel, Hideyuki, qui s'occupe principalement de la partie administrative, se voit contraint de n'accepter que des affaires concernant de belles jeunes femmes.
Leur affaire fonctionne très correctement, car malgré les débordements sexuels de Ryo, sa réputation de professionnel n'est plus à faire, et il sait être sérieux quand la situation l'exige.
Malheureusement, le jour de l'anniversaire de sa sœur cadette Kaori (Laura dans la VF), Hideyuki est abattu par une organisation pour laquelle il a refusé de travailler. Après que Ryo l'eut vengé, Kaori lui impose de continuer à tenir l'agence avec elle.
Seul souci pour lui, cette dernière tolère beaucoup moins que son ancien associé tout ces excès et débordements sexuels. La terrible réprimande consiste alors en l'abattage d'un marteau de plusieurs dizaines (voire centaines) de tonnes sur la tête du pauvre détective.
Ajoutez à cette excellente sauce quelques personnages secondaires récurrents des plus réussis, comme Saeko Nogami (Hélène), la jolie policière, et Umibozu (alias Mammouth), et le cocktail est alors parfait.

Le succès est instantané et, tout comme Cat's Eye à son époque, le manga de City Hunter passe lui aussi à la postérité en connaissant plusieurs adaptations animées. Entre 1987 et 1991, pas moins de 4 saisons sont produites par la très populaire Sunrise (à qui l'on doit, entre autres, Gundam, Cow-Boy bebop, Escaflowne, Patlabor, etc.).
On y retrouve aux manettes Kenji Kodama, qui a déjà travaillé sur l'œuvre de l'auteur en réalisant notamment la deuxième saison de Cat's Eye, tandis que Sachiko Kamimura y entame brillamment sa carrière de character designer. Le scénario se base sur le manga de Hôjo et est adapté par Shoji Tonoike. Les séries sont très réussies et retranscrivent à merveille le manga, en édulcorant à peine les débordements de Ryo l'excité.
Si ces premiers épisodes font parfois un peu cheap, notamment au niveau de certains arrière-plans, le très bon chara-design de Kamimura, et le recours à divers éléments comiques tels que le SD, les fameux corbeaux ou la masse savent nous faire oublier ces petites faiblesses. Les scénarios, bien que classiques et assez répétitifs, ne lassent pas le spectateur, certains épisodes étant tout simplement des petites perles de drôlerie. Quant à la bande originale de la série, elle est tout simplement somptueuse, avec de nombreux thèmes musicaux et énormément de chansons de très bonne qualité (Footsteps et Want your love, pour ne citer que celles-ci) que quiconque a vu City Hunter ne pourra oublier.

Les séries animées prennent fin avec la publication du 35e et dernier tome du manga en 1991.
Bien que Hôjô ait continué sa carrière de mangaka, son rayonnement en France n'aura jamais été plus grand qu'avec la diffusion de Nicky Larson dans le Club Dorothée.
Dix ans après la fin de la publication de City Hunter, Hôjô revient à ses premières amours avec une suite des aventures de Ryo Saeba s'intitulant Angel Heart.

Il aura donc fallu attendre fin 2004 pour que le public français se voit enfin proposer en DVD les différentes saisons de City Hunter. Beez commence en beauté avec ces 25 premiers épisodes. Comme cela a été convenu il y a peu de temps dans la politique de l'éditeur, seule la version française est proposée, ce qui signifie la présence d'une certaine censure et du doublage polémique d'époque.
En effet, l'adaptation de City Hunter n'a pas été pour tous des plus heureuses. Comme pour bon nombre d'animés de cette période, le doublage a été fait à l'économique, et édulcoration, francisation ou autres procédés réprimandables dignes d'AB ont été utilisés. Si on est très loin des cas de Ken le survivant ou de Très cher frère, qui sont l'exemple ultime de ce qu'il ne faut pas faire, il faut admettre qu'un certain nombre de fans (dont je ne fais pas partie) ont pu être horripilés avec les années par les prestations très appuyées de ce cher Maurice Sarfati, très présent tout le long de la série (on en mange pas mal des « Tu m'as fait boooboooo !!!!! » ou encore des « Mamuuuuuth !!!!! »).
Avec le recul, il faut toutefois reconnaître que c'est en partie grâce à ce traitement que la série a rencontré un certain succès, notamment auprès du jeune public. Qui n'a pas un jour explosé de rire à l'écoute d'un méchant gémissant sous les coups de Larson ou Mammouth ?
D'autre part, Vincent Ropion, qui double Nicky Larson, et Danièle Douet, qui lui donne la réplique avec le personnage de Laura, rattrapent à merveille les divers débordements en donnant efficacement vie à leurs personnages respectifs.

Que les fans purs et durs se rassurent cependant : une édition VOSTF, unique solution pour profiter de notre détective préféré dans des conditions optimales, est prévue, toujours chez Beez, mais pour l'année prochaine. Il faudra donc une fois de plus prendre son mal en patience et, pourquoi pas, profiter de la série en VF en attendant son heure.

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