Critique : Le Maître du jeu

Laurent Pécha | 29 septembre 2004
Laurent Pécha | 29 septembre 2004

Huitième adaptation cinématographique d'un roman de John Grisham, après, entre autres, La Firme ou Le Droit de tuer, Le Maître du jeu possède tous les ingrédients du film à procès, marque de fabrique du célèbre écrivain. Le film de Gary Fleder démontre ainsi un souci du détail et une véritable authenticité pour mettre en scène les rouages et surtout l'envers du décor de la machine judiciaire américaine.

Débutant par une première demi-heure qui est un véritable concentré d'efficacité, à l'image d'une ouverture choc particulièrement éprouvante, le récit joue à manipuler le spectateur en ne lui dévoilant rien (ou si peu) de ce qui se trame dans les coulisses du tribunal. Conscient que derrière tous ces agissements et autres préparatifs de « guerre » se cache une intrigue infiniment plus complexe qu'elle n'y paraît, on n'a qu'un désir : que le récit s'étoffe et que les masques tombent. Si Gary Fleder, nettement plus en forme dans sa mise en scène que lors de ces dernières tentatives (Pas un mot, Le Collectionneur), avec notamment un sens élégant du rythme et une belle habilité dans le montage cut, tient bien son sujet tant que toutes les cartes ne sont pas abattues, il n'en va malheureusement pas de même pour la suite.

Son Maître du jeu, qui s'apprêtait à être à notre grande surprise la meilleure adaptation d'un roman de Grisham à l'écran, retombe dans une relative médiocrité et prévisibilité, eu égard aux différents dénouements de l'intrigue. On s'aperçoit alors que le film ne traite pas, ou alors survole totalement, les multiples pistes qu'il avait semées en route (le débat sur le contrôle des armes à feu passe aux oubliettes, le personnage de l'avocat joué par Hoffman reste mystérieux ou, plus simplement, artificiel...).

Heureusement pour Fleder, il a devant sa caméra une kyrielle de bons, voire d'immenses comédiens. À commencer par les deux poids lourds que sont Gene Hackman et Dustin Hoffman, qui à l'instar de Pacino et De Niro dans Heat se donnent la réplique pour la première fois lors d'une unique scène ; un affrontement verbal de haute volée dans les toilettes du tribunal, où le charisme et l'alchimie des deux acteurs s'avèrent fascinants. Et puisque le couple Cusack-Weisz, véritable moteur du récit, se montre aussi crédible et homogène que leurs glorieux aînés, les performances des acteurs permettent de compenser la relative déception occasionnée par un script trop généreux, faisant ainsi du Maître du jeu un très sympathique et efficace thriller juridique.

Résumé

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