Critique : L'Hirondelle d'or

Stéphane Argentin | 26 septembre 2004
Stéphane Argentin | 26 septembre 2004

Considérée comme une référence du wu xia pan, l'un des summums de la Shaw, et le début de la carrière de Chang Pei Pei qui éclata au grand jour avec ce rôle, L'Hirondelle d'or serait, selon la légende, le film qui aurait inspiré à Ang Lee son Tigre et dragon.

Il est vrai que les deux œuvres ont en commun certains aspects, aussi bien formels que conceptuels, à commencer par le pivot de l'histoire : un personnage féminin aux aptitudes physiques indéniables, tiraillé entre plusieurs causes (son maître, son devoir). Un concept (une femme d'action aux codes de moralité mis en porte-à-faux) que les productions asiatiques n'hésitent nullement à exploiter depuis cette époque, contrairement aux frilosités occidentales. Autre point, et non des moindres puisqu'il doit au genre son appellation (le wu xia pan) : les affrontements, aussi fluides et limpides dans leur mise en scène que dévastateurs et sanglants dans leur exécution, privilégiant en toute occasion la lisibilité au trompe-l'œil.

Seulement voilà, aussi grandes que soient les qualités, tant narratives qu'esthétiques, du film de Hu, et le legs aux œuvres qui suivront, le public venu sur le tard au wu xia pan aura probablement du mal à y trouver tout son compte. Ainsi, comme le rappelle elle-même Chang Pei Pei dans l'interview présente sur le DVD, le public asiatique (et par extension mondial) est aujourd'hui plus coutumier de mises en scène plus serrées, plus vives. Ce qui explique, entre autres, l'accueil beaucoup plus timoré réservé au film de Ang Lee au moment de sa sortie en Asie que dans le reste du monde.

Tout en ayant à l'esprit ce statut de pierre fondatrice du cinéma de wu xia pan, (re)découvrir de nombreuses années après L'Hirondelle d'or n'en laisse pas moins ce même sentiment mitigé d'une œuvre aux longueurs narratives trop rarement cassées par des chorégraphies beaucoup moins vivaces que celles de Woo Ping dans Tigre et dragon. Un film fondateur, certes, mais peut-être pas finalement la si grande référence du wu xia pan que la légende le prétend !

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