Van Helsing : critique gothique

Julien Welter | 6 mars 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Julien Welter | 6 mars 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Stephen Sommers, l'homme derrière La Momie, continue à moderniser les grandes figures du cinéma de genre avec Van HelsingHugh Jackman et Kate Beckinsale affrontent donc des vampires dans une joyeuse superproduction.

Le patrimoine littéraire a cet avantage de regorger de figures mythiques tombées dans ce que l'on appelle le droit commun et que les studios nomment : « libre d'un auteur soucieux de son droit de regard ou d'une royalties mal placée ». Se repaissant allègrement de ces personnages offerts, la série B a rongé leur signification dans d'innombrables et invraisemblables séquelles. 

Par bonheur, il est resté une fascination pour cette cinématographie à laquelle la génération d'après a rendu hommage. Le plus notoirement lorsque Francis Ford Coppola a initié, avec son Bram Stoker's Dracula, une résurrection passionnée et heureuse des grands succès de la Hammer. Produisant le Mary Shelley's Frankenstein de Kenneth Brannagh, elle atteindra l'apothéose en proposant à Tim Burton de réaliser Sleepy Hollow. Il faut rappeler ces petits plaisirs cinéphiliques, pour bien voir que Universal Pictures n'en a retenu que les avantages et les potentiels financiers.

 

Photo Van Helsing

  

Fin économe et piètre artiste, le studio a poussé loin la réflexion capitaliste en effectuant le calcul suivant : plusieurs films autour d'une figure coûteraient plus cher qu'un seul film regroupant l'ensemble de ces mythes. Raisonnement malin qui aboutit à faire appel à Stephen Sommers. Exécutant solide au penchant évident pour le sérial (La Momie, Le Retour de la momie), ce dernier s'est inscrit dans la lignée des pilleurs du patrimoine cinématographique, et le plus rentable, pour mener à bien ce projet.

 

Photo Kate Beckinsale, Hugh Jackman

 

Tel le Dr Frankenstein du cinéma, Sommers rédige alors un scénario au scalpel empruntant un bras d'histoire à Dr Jekyll et Mr Hyde, un torse à Dracula, ou même une épaule à James Bond (le Q jésuite qui sort de sa manche des gadgets copyrighté Vatican). Goinfre et irrespectueux, il baigne cette aventure aux coutures disgracieuses dans une atmosphère gothique surchargée. Et ultime comparaison au savant fou, il ravive ce corps mort à grands coups de décharges numériques : un loup-garou en images de synthèse, des poursuites de succubes numériques, des combats animés sur la palette fatiguée d'un infographiste.

Mais, dans cette course à l'effet, le réalisateur perd l'héroïsme au second degré qui humanisait gentiment ses précédentes réalisations et permettait un peu de recul, partageant toutefois cette perte avec Hugh Jackman, dont l'impassible grimace hollywoodienne semble bien loin des promesses de X-Men.

 

Photo Kate Beckinsale, Hugh Jackman

 

À l'image des courbes alpines que Kate Beckinsale imprime à son pantalon en cuir et à sa chemise à jabots, tout est ici un peu trop. Ce grand carnaval n'arrivera alors qu'à faire hurler le puriste et à rendre hilare l'amateur, attendu qu'avec le budget d'un blockbuster, le Dr Sommers ne réalise rien d'autre qu'une version deluxe de « Frankenstein rencontre le loup-garou ». Mais l'inquiétant est que ce film illustre une dégénérescence du système des studios qui, de la production de films A à la surexploitation de séries B, semblent aujourd'hui produire aveuglément de la série Z. Les exemples actuels étant Resident Evil : Apocalypse et Alien vs. Predator, nanars d'entre les nanars.

 

Affiche française

 

Résumé

Van Helsing n'a pas le charme d'une aventure réjouissante comme La Momie, précédent succès du réalisateur Stephen Sommers.

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commentaires
Geoffrey Crété - Rédaction
07/03/2018 à 10:13

@Idriss

... parce qu'ils passent à la TV le soir, et qu'on trouve intéressant de laisser l'occasion à ceux qui le souhaitent de lire des choses dessus ?

Idriss
07/03/2018 à 08:51

Bonjour @LaRedaction,
Pourquoi ressortez vous les critiques des films qui passent à la télé le soir ?
Merci !

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