Critique : Les Diables de Guadalcanal

Laurent Pécha | 21 septembre 2004
Laurent Pécha | 21 septembre 2004

Commandé par le producteur millionnaire excentrique et accessoirement cinéaste, Howard Hughes, Les Diables de Guadalcanal permettait à Nicholas Ray de se faire un nom. Le futur cinéaste de Johnny Guitar et de La Fureur de vivre faisant déjà preuve d'un talent certain pour mélanger les scènes réellement tournées avec les plans d'archives, que son producteur a réussi à récupérer à l'armée américaine. Toutes les séquences aériennes sont ainsi ponctuées de vrais plans de combats aériens avec d'autres (essentiellement les plans des acteurs dans les cockpits) tournés en studio.

Force est pourtant de reconnaître que, si le montage est habile et que les scènes possèdent une réelle efficacité, le scénario a bien du mal à éviter le stéréotype de ce type de films essentiellement conçus pour glorifier la patriotisme américain. Le film enchaîne ainsi de manière prévisible et trop régulière les scènes de conflits ou de discussions entre le commandant et ses soldats, et celles où les avions prennent leur envol. En quelque sorte, Les Diables de Guadalcanal préfiguraient quelques vingt-cinq ans avant la série culte des Têtes brulées. Sauf qu'un épisode de la série ne dépassait pas l'heure, alors qu'ici Nicholas Ray a beau s'appliquer, l'heure et demie paraît bien longue.

Heureusement, les rapports entre Kirby et Griffin font preuve d'une psychologie plutôt fouillée. Il faut dire que les deux acteurs, John Wayne et Robert Ryan, s'avèrent particulièrement convaincants. La dernière scène du film, où Griffin comprend et accepte enfin les raisons du comportement autoritaire de Kirby, est à ce titre une grande réussite. Dommage que les autres personnages de l'histoire ne soient pas à la hauteur de ces deux-là, exception faite de la femme de Kirby qui, en deux ou trois scènes, apporte une touche sentimentale très appréciable et surtout d'une grande justesse. Les Diables de Guadalcanal restent donc un film mineur dans la filmographie de Nicholas Ray, et, bien qu'agréable, ne se détache pas de la multitude de films de guerre qu'Hollywood a produit à cette époque.

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire