Critique : Les 4 de l'apocalypse

Fabien Braule | 31 août 2004
Fabien Braule | 31 août 2004

Tourné par Lucio Fulci, l'un des maîtres du film d'horreur à l'italienne (La Maison près du cimetière, L'Au-delà), 4 de l'Apocalypse n'a en fait que de très vagues rapports avec le genre auquel il se rattache. Produit en 1975, le film de Fulci est, à l'instar de nombreux westerns classiques hollywoodiens, tournés sur le déclin, crépusculaire et nihiliste.

Bien qu'il s'attache à revisiter la légende le l'Ouest, le film navigue constamment entre road movie et film fantastique. Fulci y instaure un climat oppressant grâce à ses teintes désaturées et à ses lumières surexposées, arborant volontairement une esthétique sale, typique des films d'horreurs des années soixante-dix, tels que La Dernière Maison sur la gauche, notamment par la récurrence de nombreux cadrages étouffants. Il donne à la scène une atmosphère mystique, portée crescendo par l'arrivée de Chaco. Dès lors, les activités cannibales de ce dernier portent en elles un goût prononcé pour l'esthétique gore, à l'image de la séquence de dépeçage humain annonçant,sans commune mesure, tout un pan du cinéma italien du début des années quatre-vingt, violent et réaliste : le « Mondo » (Cannibal Holocaust). Fulci offre alors un spectacle violent basé avant tout sur le sadisme, où le sang, d'un rouge excessif, n'a pour seule fonction que de contraster avec l'univers esthétique et poussiéreux de l'œuvre.

À l'inverse, le film croise, au détour de plusieurs chemins, une puissance spirituelle placée sous le signe de la religion. Les quatre personnages, sauvés du massacre de Salt Flat, appellent à vivre une nouvelle vie, symbole d'une renaissance malchanceuse aux vues de l'univers inquiétant et dépouiller qui les entoure. À ce titre, la séquence où Bud, nu, parle aux morts sous la pluie, révèle le caractère mystique et fantastique du film ; tout comme la rencontre des protagonistes avec un convoi mormons annoncera, quelques instants plus tard, une note d'onirisme saisissante tant elle paraît être un contrepoint parfait à l'action dû à l'innocence qui s'en dégage.

Malheureusement, malgré ses qualités graphiques indéniables et son goût réaliste prononcé, Les 4 de l'apocalypse pâtit d'une partition aussi fade que ses décors, et d'un scénario décousu, pourtant signé par Ennio de Concini (Le Colosse de Rhodes). Ainsi le film perd le spectateur, à de trop nombreuses reprises, dans un flot d'ellipses aussi incongrues qu'inutiles. La preuve encore une fois que tout script est la base intrinsèque d'une œuvre, quelle qu'elle soit.

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