Critique : Le Secret de Térabithia

L'art du marketing a fait une nouvelle victime en la personne du Secret de Térabithia. Entre son affiche héroïc fantasy, son slogan « par les créateurs du Monde de Narnia » et sa article-details_c-trailers insistant sur les moments les plus visuels du film, comment ne pas s'attendre sauf pour ceux qui ont lu le roman, best-seller de la littérature enfantine, à assister un Narnia 2 avant l'heure ? Pourtant, Le Secret de Térabithia va chercher son inspiration bien loin de cette guimauve spectaculaire pour enfants pas encore initiés au Seigneur des anneaux. C'est du côté de Stand by me, pour la gravité des thèmes abordés et le douloureux passage au monde adulte, et de Créatures célestes, pour le côté onirique et cette amitié singulière qui lie les deux jeunes adolescents, que le film du novice Gabor Csupo lorgne. Sans pour autant en atteindre une seule seconde leur niveau d'excellence.

Pour autant, il y a de belles choses dans ce secret là. À commencer par la performance remarquable de ses deux interprètes principaux, confondant de naturel, surtout la lumineuse Annasophia Robb (déjà vu dans Charlie et la chocolaterie). Par sa capacité à affronter avec pudeur et sans puérilité aucune la noirceur de son sujet quand il le faut, le film parvient également à dégager l'émotion que des effets spéciaux numériques ratés affaiblissent malheureusement grandement. Sacrifié sans aucun doute sur l'autel des succès récents destinés à un public large (Narnia en tête), Le Secret de Térabithia se pare ainsi de séquences bêtement spectaculaires alors qu'il fait mouche constamment lorsque la suggestion et l'imaginaire prennent le dessus. Sûr qu'en d'autres temps et avec une mise en scène plus inspirée, l'œuvre aurait été mémorable. Il faut se contenter d'un joli petit film intimiste et mélancolique. C'était loin d'être gagné en entrant dans la salle !