Critique : Au-delà de la haine

Lucile Bellan | 9 mars 2007
Lucile Bellan | 9 mars 2007

Tout a commencé dans un parc, en pleine nuit, le 13 septembre 2002. Une agression qui aurait pu être tristement banale si elle n'avait tourné au cauchemar et retiré un homme à l'amour des siens. De ce jeune homme, François Chenu, tabassé pour son homosexualité et surtout faute de mieux (les trois skinheads cherchaient à « se faire » un arabe), on ne verra pas une photo de tout le documentaire, qui traite principalement de son absence et du travail de ses proches pour survivre à un tel drame.

Et puis finalement, tout n'a peut être pas commencé là, car les trois jeunes agresseurs élevés dans un climat de violence et de haine n'auraient probablement pas commis un acte aussi méprisable s'ils avaient été confrontés à de vraies valeurs dès leur plus jeune âge. Difficile à accepter, quand on est le parent de la victime, quand on ne vit pas dans ce monde. C'est pourtant ce combat contre eux-mêmes, un combat contre l'inconnu et la haine, que va mener cette famille, détruite mais consciente et donc courageuse.

Ni voyeur, ni complaisant, le regard que pose Olivier Meyrou sur la famille fait passer toute la souffrance et l'espoir par des détails, et non des effets de mise en scène : le regard hésitant de la mère quand sa fille lui rappelle comment elle lui a annoncé le décès de son fils, la colère d'une sœur qui ne comprend pas le comportement des agresseurs à l'audience, une voix maladroite qui lit la lettre destinée aux détenus. Une vérité nue.

Leur cas est à prendre en exemple, car cette exception nous fait réfléchir, serions-nous prêts à en faire de même ? Il n'est pas simple de tourner le dos à la facilité et de ne pas répondre à la violence par la violence. Et ce beau message d'amour qui s'adresse autant à François qu'au spectateur est d'une rare justesse, d'une rare émotion.

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