Critique : Contre enquête

Laurent Pécha | 6 mars 2007
Laurent Pécha | 6 mars 2007

Ayant déjà tâté avec brio du film de genre dans l'excellent Le Convoyeur, Jean Dujardin récidive dans un rôle à contre-emploi et impose avec Contre-enquête un talent de comédien rare. Avec un tel acteur, le néophyte Franck Mancuso, co-scénariste de 36, quai des orfèvres au background similaire à Olivier Marshal (20 ans à la Police Judiciaire, Brigade des stupéfiants,…) se sent pousser des ailes et s'offre un polar qui sent bon les années 70.

Autour d'un sujet fort et terriblement sombre (l'impossibilité du deuil d'un enfant) qu'il effleure avec une délicatesse et une justesse rares, Mancuso concocte une intrigue dense, à défaut d'être haletante. Parce qu'il cherche avant tout l'honnêteté cinématographique (tous les indices pour découvrir le fin mot de l'histoire sont à porter d'yeux, tout le contraire d'un Usual suspects par exemple), le réalisateur détourne petit à petit ce qui aurait pu être un simple agencement de coups de théâtre pour faire de Contre enquête un drame humain poignant.

Épurée et dégraissée de tout le superflu, l'intrigue, constamment et fort logiquement crédible, happe autant le spectateur que ce capitaine Malinowski, sombrant progressivement dans le doute le plus terrible quant à la culpabilité du présumé meurtrier de sa fille (impeccable Laurent Lucas dans un joli numéro de soliste). Filmant à hauteur d'hommes, laissant les acteurs se donner corps et âme (surtout cette dernière) pour obtenir des instants de pure vérité, Mancuso n'oublie jamais qu'il fait du cinéma. À l'image d'une somptueuse séquence finale et son ultime phrase qui dérange autant qu'elle émeut au plus profond de sa chair.

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