Critique : 7 ans

Louisa Amara | 21 février 2007
Louisa Amara | 21 février 2007

Premier long-métrage d'un des réalisateurs de l'émission Strip-tease, 7 ans permet à son auteur de développer son thème de prédilection : l'univers carcéral et les perversions qu'il entraîne. Ayant lui-même un ami en prison, Jean Pascal Hattu s'est d'abord intéressé aux femmes : les gardiennes de prison, pour Strip-tease, puis les femmes de détenus. Mais passer du documentaire à la fiction demande une évolution particulière dans le parcours de ce réalisateur atypique. Visiblement fasciné par l'homosexualité et ses ambiguïtés (trois courts-métrages sur ce sujet), il développe ici un triangle amoureux étrange, entre le détenu, sa femme, et le gardien. Tour à tour s'enchaînent les manipulations, les mensonges, les jeux ambigus entre les protagonistes. Progressivement l'héroïne passe du statut de jeune femme passive, manipulée et perdue à celle de la maîtresse quasi SM jouant sur son pouvoir de séduction et de contrôle sur les deux hommes.

Cette structure scénaristique pouvait laisser imaginer une tension, un rythme constant. Malheureusement, c'est rarement le cas. Le réalisateur est visiblement plus à l'aise dans la prison et aux alentours que dans la vie quotidienne de son héroïne. Une femme qui s'ennuie ferme entre deux visites à la prison, et nous le fait partager un peu trop souvent. Certains personnages ne sont pas assez creusés, alors que des pistes intéressantes auraient mérité d'être développées. D'où une confusion en milieu de film, qui nuit à l'histoire. De plus le réalisateur voulait laisser les acteurs dans un certain flou : "J'avais envie de préserver ce vertige où chacun ment sans jamais savoir ce que l'autre sait."

Cette incitation à la créativité des acteurs fonctionne avec Bruno Todeschini, acteur expérimenté et charismatique, qui transcende chaque scène où il apparaît. Mais l'héroïne, interprétée par Valérie Donzelli, jusqu'ici habituée aux seconds rôles, et Cyril Troley, n'ont pas encore les reins assez solides pour assumer cette liberté et nous donner le meilleur d'eux-mêmes.
On retiendra donc la puissance de la trame d'origine en espérant que le deuxième long-métrage donnera lieu à plus de maîtrise et de rigueur dans la direction d'acteurs et la construction scénaristique.

Résumé

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