Critique : Abandonnée

Vincent Julé | 3 février 2007
Vincent Julé | 3 février 2007

Paradoxalement, The Abandonned (littéralement « Les abandonnés ») est l'histoire d'une rencontre. Entre une femme et son passé, entre une sœur et son frère et surtout entre deux auteurs uniques : l'Espagnol Nacho Cerda et le Canadien Karim Hussain. L'un comme l'autre ont frappé très fort à leurs débuts, avec pour le premier le court graphique et déviant Aftermath (1994), et pour le second l'expérimental et envoûtant Subconscious Cruelty (1999). Deux approches de la peur, anticonformiste et psychanalytique, pour une même réflexion de cinéma. Loin des canons narratifs habituels, des effets gratuits, instantanés et inefficaces ou de toute mode, le duo creuse son sillon de developpment hell en projets morts nés. De ce fait, cette Abandonnée est autant le fruit de talents que de frustrations, dont celles d'ailleurs du spectateur averti et aguerri.

Sur le canevas du retour aux origines (du mal), Nacho Cerda dépeint une réalité a priori crédible, dont la lumière vacille à chaque nouveau plan. Il s'efforce d'émailler ce tableau, son film et son univers, jusqu'à un point de non-retour. Ainsi, après une première demi-heure convenue, balisée, aucune échappatoire n'est plus possible. Pour les personnages comme pour le film. La fatalité et la mort imprègnent chaque recoin de cette maison, chaque reflet dans le miroir et finalement chaque scène. Cette course en avant, en rond, en arrière mue alors le film en expérience aussi passionnante pour les uns que désagréable pour les autres. À n'en pas douter, il faut se perdre, suffoquer même, devant le travail organique, sur le son et l'image, du réalisateur.

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