Critique : Pingpong

Lucile Bellan | 23 janvier 2007
Lucile Bellan | 23 janvier 2007

À mi-chemin entre La Tourneuse de page et le cinéma de Michael Haneke, Pingpong plonge le spectateur dans la froideur du milieu petit bourgeois au travers des yeux d'un adolescent. Maîtrisé à l'extrême, ce premier long-métrage fait littéralement tout pour ne pas le paraître et le jeune réalisateur Matthias Luthardt semble plus que prometteur. Tout comme le très honorable Lucy de l'allemand Henner Winckler l'avait fait un peu avant, le film dépeint toute une classe sociale par un cas particulier. Un regard réaliste, jamais spectaculaire comme on en a trop souvent l'habitude, car la réalité se suffit à elle-même. Que de qualités pour ce film ! Même les acteurs tiennent, et soutiennent la route : Sebastian Urzendowski déploie, à 20 ans, un charisme à bouffer l'écran et sa force apparente est d'autant plus émouvante qu'elle vole en éclats dans la scène de la tente, époustouflante.

Très vite, l'histoire presque déjà vue, le traitement tout ce qu'il y a de plus classique (un élément perturbateur dans une famille fait exploser les apparences) laisse place à autre chose : une réelle complexité des personnages, une vraie souffrance qui suinte de l'écran au détour d'une banale scène de petit-déjeuner, et finalement de tout le film. Celle de Robert, musicien en devenir dont le comportement maternel le pousse à boire, artiste déchiré pour qui le réalisateur semble avoir une empathie toute particulière, ayant lui-même désiré être concertiste dans sa jeunesse.

Malgré tout cela, une ombre au tableau : lorsque Paul quitte la maison, que la grille se referme et que dans la salle les lumières se rallument, le spectateur cligne des yeux et émerge du film comme d'un mauvais rêve, beau et envoûtant.

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