Critique : Le Dernier des fous

Audrey Zeppegno | 3 janvier 2007
Audrey Zeppegno | 3 janvier 2007

Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir. il fait beau, les oiseaux chantent, c'est les grandes vacances. Tout le monde a déserté la cambrousse où Martin fait ses 400 coups et durant les quinze premières secondes, on pourrait presque croire que le bonheur est dans le pré… Le contraste soleil festif versus drame de plomb nous prend par surprise. Un coup du lapin fatal. À peine après avoir franchi le seuil de la ferme familiale, que la malédiction qui pèse sur les frêles épaules de ce gamin trognon embraye sa mécanique mortuaire. La cuisine : seule havre de paix, où le gosse se réfugie dans les jupons de sa nanny qui le réconforte, en lui confectionnant des gâteaux moelleux pour le goûter. Respirez une grosse goulée d'oxygène, votre séance d'apnée durera 96 minutes. Voilà que Didier, le frérot déprimé de Martin vient se réapprovisionner en bibine pour cuver son mal être. Le quatre heure s'écourte d'autant plus rapido que Mamie déboule et faut pas la chercher. On sent la castratrice qui sommeille en Annie Cordy. Sévère, très à cheval sur tout, un cœur de pierre qui aimerait bien mener ce petit monde à la baguette. Bon, elle l'a mauvaise, parce que le seul sur lequel elle a encore de l'influence c'est le patriarche. Son fiston, pauvre hère, qui vaque à ses occupations champêtres pour fuir sa marâtre et le nuage sépulcral qui plane sur son home sweet home. Reste l'inconnue déterminante de cette équation : la maman de Martin, recluse dans sa chambre car folle à lier. Son trauma mériterait la camisole de force, au lieu de quoi, il rythme les jours et les nuits de toute la maisonnée. Un vrai régal pour la joie de vivre. Y'a pas mieux pour élever un marmot dans les règles de l'art…

Voilà pour le tableau après 10 minutes d'immersion. Titanic, c'est de la rigolade à côté, de la gnognotte, une peccadille. On changerait bien de rafiot, mais non…. Va falloir endurer la déliquescence de cette smala jusqu'au naufrage. Et autant prévenir les âmes sensibles, les consommateurs occasionnels de prozac, ne serait-ce que les pessimistes basiques : Le Dernier des fous saperait le moral du simplet le plus optimiste de toute la stratosphère. Parce qu'une fois tous les personnages mis en place, Laurent Achard pousse le cafardeux jusqu'au tragique. Faites l'addition : terreau fébrile + manque de bol + névroses héréditaires + effet kiss cool du cagnard = douleur, désastre, deuil. Mazette, quel programme affriolant !!! Ironie et blagues mises à part, ce mélo mise tellement sur le credo « no future » que ça en devient presque insupportable. C'est plutôt bien joué, la réalisation table raisonnablement sur la neutralité (faut pas pousser mémé dans les orties, non plus !), on y trouve même quelques très belles scènes d'amour fraternel… Mais trop c'est trop. Anxiogène à mourir, ce fait divers serait tout juste regardable au journal de 20 h. Projeté sur grand écran, il vous casse en mille morceaux.

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