Critique : Mon meilleur ami

Laurent Pécha | 18 décembre 2006
Laurent Pécha | 18 décembre 2006

L'immense succès des Bronzés 3 ne doit pas faire oublier que Patrice Leconte est depuis les années 2000, un cinéaste en perte de vitesse. Certes, l'homme tourne beaucoup (sur un rythme de presque un film par an) mais il est loin le temps désormais de Ridicule ou La Fille sur le pont, les deux dernières réussites absolues du réalisateur. Avec Mon meilleur ami, Leconte retrouve un peu de sa superbe et nous rappelle qu'il n'est jamais aussi inspiré que lorsqu'il met en scène un « tandem ».

Dans le genre « ils n'auraient jamais dû se rencontrer mais… », celui inventé par l'auteur du Mari de la coiffeuse mérite bien des éloges. D'un côté, François (Daniel Auteuil), marchand d'art complètement absorbé par son métier qui pense avoir des amis alors qu'il n'a que des relations de travail. De l'autre, Bruno (Dany Boon), chauffeur de taxi, véritable bête de compétition pour jeux culturels divers et variés, vivant seul si ce n'est sa visite quotidienne chez ses parents qui habitent à quelques mètres de chez lui. Ces deux là sont terriblement seuls mais ne le savent pas vraiment ou ne veulent pas l'admettre. Suite au pari vindicatif pris par François face à sa collègue de travail de lui présenter son meilleur ami sous 10 jours, les deux hommes vont se rencontrer et François de faire tout pour que Bruno devienne son meilleur copain sans lui révéler le fin mot de l'histoire.

D'une pure comédie de situations – les séquences désopilantes où Auteuil part à la recherche de son meilleur ami jusqu'à retrouver une vieille connaissance de 6ème qui lui avouera toute la haine qu'il avait pour lui à cette époque -, Mon meilleur ami glisse tout doucement vers un ton plus sombre qui fait rejaillir avec une réelle émotion ce besoin si cher d'être apprécié et aimé pour ce que l'on est, en bien comme en mal. Si on pourra reprocher un manque de panache (le climax final flirte dangereusement avec la fausse bonne idée et aurait mérité d'être écourté) et un canevas scénaristique trop connu d'avance (dans le genre ils ne s'apprécient pas au départ – séquence vaudeville -, puis oui – séquence séduction -, puis non – séquence trahison -, puis finalement oui – séquence émotion -), il est difficile de résister aux personnages attachants campés par Daniel Auteuil et Dany Boon.

Parfaitement interprétée par les deux comédiens, tout comme l'est l'ensemble des seconds rôles du film (un leitmotiv chez Leconte), cette histoire d'amitié improvisée, bancale et gentiment surréaliste évite l'écueil de la naïveté pour imposer son charme sensible et durable.

Résumé

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