Hors de prix : critique "Tautou pour le tout"
Après avoir mis en scène un duo de renom dans Après vous (Daniel Auteuil et José Garcia), Pierre Salvadori remet ça pour Hors de prix avec un nouveau couple vedette : Gad Elmaleh et Audrey Tautou. Et la réussite est tout aussi enthousiasmante. Peut-être moins fulgurante que celle du « chef-d'œuvre » du cinéaste, Les Apprentis (tiens une autre histoire de duo !) mais largement suffisante pour remporter la palme de la meilleure comédie française de l'année.
Alors que d'autres nous assomment avec des films bâclés reposant sur une mauvaise idée ou un casting hétéroclite à base de pseudo-stars sans chercher à réfléchir à la mécanique du rire, Pierre Salvadori procède d'un immense respect pour le genre et donc ses spectateurs. Non, faire rire ne se résume pas à la simple mise en place d'une caméra capturant les facéties des acteurs comiques in du moment. Déclencher l'hilarité du public nécessite de lui offrir une histoire susceptible de donner naissance à des gags sophistiqués, de s'appuyer sur une idée forte mais en ayant sciemment pensé aux ramifications que celle-ci peut et doit faire naître.
Filmer une comédie ne veut pas dire abandonner toute idée de mettre en scène joliment les séquences humoristiques. Pierre Salvadori l'a toujours parfaitement compris et ce grand amateur de Ernst Lubitsch (pour ne citer qu'un cinéaste phare d'un réalisateur éminemment cinéphile) s'évertue à ce que ses films aient de la gueule comme on dit. Et peut-être plus ici qu'auparavant étant donné que Hors de prix prend comme décor principal les palaces du sud de la France.
Totalement maître de son récit, Salvadori ne plonge jamais dans les pièges inhérents à la comédie romantique. Il oriente plutôt son histoire du côté de la satire, en accentuant constamment le côté horrible et dur des situations dans lesquelles Gad Elmaleh se met pour tenter de plaire à une Audrey Tautou totalement hermétique (dans un premier temps) à son charme.
Assénant les gags avec une roublardise et une science du tempo magnifiques, multipliant les bons mots (les appels de Gad Elmaleh à son banquier), faisant rebondir son histoire avec l'adjonction de solides seconds rôles (remarquable Marie-Christine Adam en riche retraitée se payant les « services » de Gad), le cinéaste rappelle les fantômes de la « screwball comedy » chère à Ernst Lubitsch et Howard Hawks. Pour ce faire, il a eu la géniale inspiration de trouver un duo diablement complémentaire et qui joue divinement bien ensemble : le talent de Gad Elmaleh n'a jamais été aussi bien mis en évidence, tout comme le charme et l'espièglerie d'Audrey Tautou.
Lecteurs
(0.0)27/06/2018 à 12:02
super