Critique : Le Regard

Hoda Kerbage | 10 décembre 2006
Hoda Kerbage | 10 décembre 2006

Dans un temps où l'image tend à s'internationaliser et où les différents cinémas mondiaux s'entremêlent, le cinéma iranien lui, semble indifférent aux changements. Au moment où Bollywood se tourne de plus en plus vers Hollywood et où un immeuble Yacoubian nous régale d'une scène de poursuite policière digne des meilleurs films américains de série B, le cinéma iranien reste fidèle à lui-même et se déroule dans une sorte de bulle où rien ne peut l'atteindre. Soumis à des conditions internes telles la censure, ce cinéma contourne les obstacles et nous offre un Iran qui tangue entre l'onirique, le réel et le métaphorique.

Le Regard (le film soulève des controverses en Iran et subit une censure sévère) n'échappe pas à cette règle et se place dans la lignée des films iraniens indissociables de l'idée que l'on se fait d'eux. Et pourtant, entre un Kiarostami et un Makhmalbaf, l'auteur du film est une femme qui raconte l'histoire d'un homme, qui a une jolie manière de filmer les autres femmes et qui ose une chaste et irréelle scène d'amour dans un pays où la proximité homme/femme est ambiguë voire interdite.

S'inspirant des mythes perses mais aussi de la réalité de l'Iran contemporain, Spideh Farsi tisse son histoire autour de ses personnages. Esfandyar rentre de l'exil pour revoir son père mourant alors que lui-même est sur le point de perdre la vue. Cela en dit long sur les convictions de Farsi et sa volonté de peut être, changer le « regard » posé sur l'Iran que ce soit par les iraniens, les étrangers ou les exilés.

Film lent, dénué de surprise, Le Regard n'en reste pas moins beau et doux mais malheureusement certainement pas aussi fort que les autres films de Farsi et notamment le très touchant Voyage de Mariam .

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