Critique : Pardonnez-moi

Julien Dury | 22 novembre 2006
Julien Dury | 22 novembre 2006

La méchanceté gratuite est vraiment la plaie de la critique cinématographique. Que de complaisance à tourner en dérision des artistes qui se sont investis de tout leur cœur dans leurs créations… Aussi, nous serons sympathiques avec Maïwenn et ne soulignerons que les points positifs de son premier film.

Il faut déjà signaler la générosité nécessaire pour faire partager à un public inconnu ce qui est visiblement de l'ordre de la thérapie personnelle. Peu importe que Pardonnez-moi soit en grande partie inspiré de la vie de la cinéaste novice, et s'apparente à un règlement de comptes privé. Il y a une belle naïveté à faire payer des spectateurs pour voir ça, une innocence qui fait plaisir à voir en des temps oh combien mercantiles. On retrouve cette virginité artistique dans le traitement esthétique de la chose. Qui oserait encore employer la caméra à l'épaule comme garante d'une « recherche de la vérité » ? Qui, de nos jours, tourne des plans au ralenti sur de la musique sacrée ? Eh bien, Maïwenn ne s'en prive pas et fait tout cela comme si elle venait de l'inventer. C'est en fait à un très émouvant cinéma de la première fois que l'on assiste et quelle importance que le bébé soit un peu difforme ?

On ne peut finir sans dire un mot des acteurs. Pardonnez-moi se joue de l'approche classique qui voudrait cyniquement imposer un style de jeu carré aux interprètes. Bien au contraire, la réalisatrice laisse le champ libre à son casting lâché dans une improvisation permanente. Bien sûr, c'est le n'importe quoi peu crédible qui domine le plus souvent mais quelle joie de regarder des acteurs sans aucun filet. Rarement on aura eu une telle impression de liberté à se demander ce qui va bien pouvoir se dérouler dans la scène suivante entre maquillage au gâteau à la crème ou tabassage de poupée.

À vrai dire le seul reproche vient lorsque l'on sait que le film comptait à l'origine 55 heures de métrage. On ne peut se défaire d'une impression de regret tant l'heure et demi projetée est déjà si complexe à avaler. À plus de deux jours de films, on serait en pleine expérience mystique.

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