Critique : Viva Cuba

Deuxième long-métrage d'un cinéaste cubain, Juan Carlos Cremata Malberti, qui a débuté par l'animation, Viva Cuba est en quelque sorte une variation sur un thème déjà beaucoup traité au cinéma : l'innocence et l'insouciance de l'enfance incomprise face aux idéologies d'adultes qui pensent détenir la Loi morale. Mais contrairement à d'autres, ce film s'en sort particulièrement bien, servi par de bons acteurs pour la plupart amateurs et un travail de réalisation efficace.

Ici, les deux vecteurs de la violence, les deux maux qui font s'entredéchirer deux familles et dont les enfants portent la marque malgré eux sont la politique et la religion, les premiers étant des petits bourgeois catholiques et les seconds des communistes convaincus. Dans ce Roméo et Juliette sauce cubaine sur fond de road movie, les deux héros, Malu et Jorgito, 16 ans à eux deux et amis pour la vie, décident sans prévenir quiconque d'aller trouver le père de la fillette qui travaille dans un phare à l'autre bout de l'île après avoir appris que celle-ci devrait quitter le pays à cause du remariage de sa mère avec un étranger.

Si la multiplication et l'enchainement rapide des péripéties joue parfois contre le rythme de narration qui ne tire pas toujours pleinement profit de chaque séquence, la mise en scène originale parvient malgré tout à retranscrire de façon convaincante les deux univers qui s'affrontent et sombrent de plus en plus dans l'incompréhension. Pour se faire, le réalisateur n'hésite pas à ajouter au réalisme quasi documentaire de certaines scènes un onirisme et une liberté propre à l'enfance en incluant quelques plans animés image par image et une touche de naïveté appropriée à l'histoire. À cet égard, les séquences nocturnes ainsi que les premiers et derniers plans sont tout à fait réussis et le monde extérieur se trouve régulièrement magnifié par la présence des deux enfants qui n'ont de cesse de le prendre à contrepied sans se poser de questions.