Critique : U

Nicolas Thys | 10 octobre 2006
Nicolas Thys | 10 octobre 2006

U est le nom d'une licorne née de l'imagination de Serge Élissalde et de Grégoire Solotareff, déjà auteurs du très beau Loulou et autre loups. C'est également le titre bref et bien trouvé de leur nouveau dessin animé réalisé pour une fois sans l'aide d'ordinateurs, une petite merveille tournée image par image aux traits épais mais assez stylés et aux couleurs incertaines mais bien agencées. Si le graphisme assez simple mais d'autant plus beau peut faire penser à un dessin pour enfants, c'est pour mieux les faire évoluer dans un univers original, amusant et intelligent qui ravira ceux qui recherchent quelques chose de frais parmi les multiples films d'animation assez banals qui sortent en ce moment.

Loin de la mièvrerie Disney, de l'iconographie manga ou de la simple accumulation de gags de certains courts-métrages, U ne joue pas sur les trouvailles scénaristiques mais se situe du côté des émotions et des sensations qu'il distille avec délicatesse et s'apparente davantage aux oeuvres mélancoliques et folles d'un Paul Driessen. Au final, nul besoin d'enchaîner les cascades pour faire un film rythmé et amusant. La preuve en ait le charme de ce conte de fée pour petits et grands où tout est propice à la fête, à l'amour et à l'amitié, réside justement ce qu'il peut nous être familier ainsi que dans ses imperfections plastiques et dans la fluidité de l'animation qui sont propices à quelques questions existentielles amenées en douceur et avec une habileté rare dans le cinéma pour enfants.

Tout est mis en oeuvre pour que le discours soit le plus sobre et efficace et que tout soit compréhensible directement à l'image. Les voix, dont le timbre mélodieux semble plus importants que les mots prononcés, et la typologie monstrueuse mais attachante des personnages évitent la caricature grossière et donnent une certaine musicalité relayée par le chat guitariste auquel le chanteur Sanseverino prête sa voix et un brin de fantaisie à un genre dont les codes sont habituellement trop définis : le conte de fée type La Belle au bois dormant dont les deux cinéastes s'inspirent fortement avant de les détourner mais toujours à leur profit. Après les récents succès d'Ocelot, Chomet, Laguionie ou Girerd, voici une nouvelle preuve que le dessin animé français se porte encore très bien.

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