Critique : Princesse
Entre Click et Le Grand Meaulnes, Princesse tient bien de la contre programmation risquée, et est sans conteste la claque de la semaine. Nos joues en sont d'ailleurs encore rougies. Car que vous le trouviez opportuniste ou touchant, ce film ne vous laissera pas indifférent. Le père August entre dans la spirale de la vengeance après la mort de sa sur tant aimée Christina, alias Princesse, étoile filante du porno. Celle-ci lui a d'ailleurs laissé Mia, adorable petit bout de chou de 5 ans, toujours accompagné de son doudou. Et même si ce pitch a des allures de Hardcore (1979) de Paul Schrader, la morale incluse, le film perd assez vite le spectateur dans des considérations tout sauf morales ou religieuses. Et les notions de bien et de mal sont habilement malmenées pour nous offrir une vision plus subtile et moderne de l'histoire. Le réalisateur dépeint ainsi une réalité froide, un monde sans innocence et sans beauté, peut-être pour nous faire partager le quotidien des victimes d'un système, le porno, ou à vrai dire d'un autre.
Et c'est précisément parce qu'il ne prend pas parti, qu'il ne critique pas le porno plus que la violence, qu'Anders Morgenthaler donne une vraie force à son film. On dépasse la simple critique facile pour voir ce monde d'adultes à travers les yeux d'une enfant meurtrie et remontée à bloc. Toujours sur le fil, sans jamais tomber dans le voyeurisme ou le glauque, le metteur en scène offre au spectateur un univers visuel travaillé, plus de 80 pour cent d'animation avec une tendance japonisante inspirée, ainsi qu'une certaine forme de poésie qui sauve ce qui aurait pu être une simple ode à la violence. Le parti pris de l'animation permet alors des scènes qui auraient été aussi impossibles à filmer, qu'à voir pour le spectateur - en particulier certaines avec la petite Mia. L'expérience qu'offre Princesse est donc risquée (seulement une interdiction au moins de 12 ans ?), mais elle mérite largement qu'on s'y attarde
sans toutefois qu'on s'y perde.
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