Little Children - critique

Ilan Ferry | 7 septembre 2006
Ilan Ferry | 7 septembre 2006

Terrain de jeu cinématographique par excellence, la banlieue a toujours été le centre névralgique de toutes les psychoses de la middle class ricaine (de American Beauty à la récente série Weeds). Todd Fields, réalisateur du très remarqué In the bedroom explore à sa manière ce monde étrange et fermé avec humour et hargne. À la manière d'un Magnolia, Little Children (bêtement traduit en français par Les Enfants de chœur) utilise le film choral pour mieux suivre les destinées de personnages emprisonnés dans le carcan de la vie banlieusarde. Catalyseurs de ces rencontres impromptues autour desquelles se déchaînent toutes les passions, les enfants jouent le rôle de témoins capitaux d'une tragi comédie dont les tenants et aboutissants se dessinent petit à petit.

 

 

Ainsi, autour de la troublante Jennifer Connelly, parfaite en épouse castratrice, Patrick Wilson et Kate Winslet incarnent un couple adultérin fiévreux consumé par le désir. Ils font partie d'une galerie de personnages (du pédophile tour à tour touchant et pathétique à l'ancien flic bourru) en perpétuelle quête d'alternatives dans une banlieue où règnent femmes au foyer désespérées et maris frustrés - toute référence à une série diffusée sur M6 serait purement fortuite... L'occasion pour le réalisateur d'ausculter les névroses avec une minutie quasi chirurgicale et une ironie cinglante. La grande force de Little Children réside dans sa légèreté de ton, malgré une atmosphère parfois pesante, et son écriture parfaite où s'entremêlent des vies aux bords de l'implosion.

 

 

Tel un roman au doux parfum de scandale avec une touche de perversion en plus, le film s'amuse à fissurer peu à peu l'image d'Épinal construite autour de la vie de ses personnages. Une impression renforcée par l'utilisation d'une voix off judicieusement exploitée. Grâce à ce mélange parfaitement dosé entre légèreté et gravité, le film tient parfaitement en éveil pendant 2h20 distillant pernicieusement le malaise jusqu'au final malheureusement raté où la tension retombe comme un soufflé dans un message moralisateur totalement inutile. Ces 5 dernières minutes ne gâchent pas pour autant le plaisir procuré par les 135 précédentes et en aucun cas, doivent vous faire fuir. Vous passeriez à côté d'un film excellent, tout simplement.

 

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