Critique : Two for the money

Film d'acteurs plus que film sur l'univers des paris sportifs, Two for the money est l'occasion pour D.J. Caruso d'essayer de nous faire oublier son catastrophique Taking lives, destins violés, et pour Pacino et consorts, de montrer que l'essence d'un film repose le plus souvent avant tout sur ses interprètes. Si Two for the money est au final une réussite mineure, il le doit essentiellement non pas au talent de conteur de Caruso (sa réalisation est anecdotique), mais bien aux performances du trio vedette dans lequel les rapports sont pour le moins ambigus. Au travers d'une relation père-fils destructrice, Pacino et McConaughey prouvent qu'une alchimie entre deux comédiens peut faire naître des émotions vraies et mémorables.

Si on a du mal à s'intéresser véritablement à leurs problèmes de paris sportifs, on reste en revanche fasciné par le jeu de séduction-répulsion qu'ils orchestrent avec brio et conviction. La surprise venant ici de la faculté de l'habituellement fade Matthew McConaughey de tenir tête à un Pacino toujours égal à lui-même (génial). Dans cet univers macho, les deux hommes ne sont pourtant pas seuls et ils ont beau accaparer le devant de la scène, c'est bien au final l'élément féminin du trio qui marque les esprits durablement, par la grâce d'une séquence émotionnellement bouleversante, une déclaration d'amour rageuse et à fleur de peau jouée par une René Russo magnifique de retenue. Elle est l'une des raisons majeures si ce n'est LA raison de jeter son dévolu sur Two for the money qui pour le coup aurait vraiment mérité de s'appeler Three for the money.