Critique : L'Autre côté de la rue

Nicolas Thys | 30 mai 2006
Nicolas Thys | 30 mai 2006

L'autre côté de la rue est le premier film de Marcos Bernstein, jusqu'à présent connu pour son travail de scénariste pour les films de Walter Salles, Central Do Brasil et Terre lointaine. Porté par un duo d'acteurs excellent, tout deux inconnus en France mais de vraies stars au Brésil, le film est en outre doté d'une solide trame narrative malgré quelques passages un peu naïfs et stéréotypés : Regina, soixante cinq ans passé, vit seule dans un immeuble de Copacabana et sa principale occupation est d'épier son voisinage jusqu'au jour où elle croit voir un homme tuer son épouse dans un immeuble en face de chez elle.

Parti comme un remake de Fenêtre sur cour d'Alfred Hitchcock, le film tourne vite au mélodrame sentimental et s'enrichit d'une émouvante méditation sur le vieillissement et la redécouverte de soi et de la vie à un âge où, proche de la mort, tout semble déjà joué. Malheureusement Bernstein, sûrement trop habitué au travail d'écriture, semble en oublier jusqu'aux bases les plus élémentaires de la mise en scène et se contente de poser sa caméra et de la laisser fonctionner devant ses acteurs jusqu'à ce que la mise en images de sa belle histoire soit terminée. L'intérêt proprement cinématographique du film relève du néant absolu et gâche complètement un scénario très bon qui aurait pu devenir une œuvre magnifique s'il avait été placé dans les mains d'un véritable cinéaste et non d'un simple conteur.

On reste donc perplexe devant chaque séquence à se demander ce qu'un tel film aurait pu donner s'il avait été réalisé par Salles par exemple. Seuls quelques plans poignants de solitude intense auraient pu mériter d'être sauvés si l'utilisation du numérique et de son horrible et insoutenable aspect granuleux ne venaient pas encore davantage galvauder toute la plastique du film. Ce gâchis est une excellente manière de s'apercevoir qu'une histoire convenable et de bons comédiens ne devraient pas dispenser pour autant le cinéaste d'un travail et d'une réflexion sur la mise en scène s'il tient à continuer dans sa nouvelle fonction. Au cinéma, la forme devrait toujours primer sur le fond.

Résumé

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(0.0)

Votre note ?

commentaires
Aucun commentaire.
votre commentaire