Critique : Zidane, un portrait du XXIème siècle

Erwan Desbois | 26 mai 2006
Erwan Desbois | 26 mai 2006

Entre la Coupe du Monde à venir et l'annonce de la retraite prochaine de « Zizou, président ! », Zidane, un portrait du 21è siècle sort dans un timing presque parfait. Il lui faudra bien ça pour percer, car cette œuvre hybride a bien peu d'arguments pour elle – voire quasiment aucun. Ni biopic commenté par Aimé Jacquet, ni montage des interviews exclusives Orange / Canal+ pour annoncer sa retraite, son retour, sa re-retraite (et l'an prochain, le baptême du petit dernier ?), Zidane, un portrait du 21è siècle consiste en la couverture complète d'un match de la saison dernière du championnat espagnol – Real Madrid contre Villareal, pour ceux que ça intéresse. La différence avec l'Équipe du Dimanche ? Les dix-sept caméras du dispositif installé autour du terrain par les deux artistes contemporains Phillipe Parreno et Douglas Gordon étaient toutes fixées sur Zidane, afin de capter ses moindres faits et gestes à chaque seconde et sous tous les angles. Les deux hommes furent d'ailleurs plutôt bien servis, puisque le meneur de jeu français les gratifia d'une passe décisive et d'un carton rouge.

Mais hormis lors de ces actions ponctuelles qui (r)éveillent le spectateur, le concept fait preuve de bien plus de défauts que d'attraits. Car un match de foot, ce n'est pas une performance artistique individuelle ; ça se joue à onze contre onze. L'intérêt sportif du film est donc quasi-nul, étant donné que l'on ne voit rien du déroulement du match, hormis lorsque Zidane reçoit le ballon et le transmet dans la foulée (durée moyenne de l'opération : trois secondes). Le problème, c'est que l'intérêt de Zidane… est également quasi-nul sur tous les autres plans. Toutes les tentatives d'ouverture (esthétique, intellectuelle, dramaturgique…) sont en effet tuées dans l'œoeuf, faisant du film une coquille absolument vide d'où ne ressortent que deux beaux instants fugaces : une discussion en champ – contrechamp entre Zidane et l'arbitre, qui fait très « cinéma » ; et l'interlude de la mi-temps, au cours de laquelle les deux réalisateurs mettent en perspective le match avec les évènements, tragiques ou futiles, qui ont également eu lieu dans le monde en ce même jour.

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