Critique : Destricted

Vincent Julé | 29 mai 2006
Vincent Julé | 29 mai 2006

Après Paris je t'aime, sept autres metteurs en scène se sont vus proposer de s'exprimer sur l'« amour », mais pour le coup, entendez plutôt par-là sur le sexe et  la pornographie. Ainsi, pendant que Matthew Barney (DR9, cycle Cremaster) continue de faire du Barney, et en bien, le scénariste Richard Price (Kiss of death, La Couleur de l'argent) prend un film X existant et très seventies et le passe dans sa moulinette visuelle et sonore. Et alors qu'un homme se branle en vain dans Death Valley de Sam Taylor Wood, Marco Brambilla (Demolition Man, yeah !!) compile en deux minutes des milliers d'images, et des dizaines d'années, de forniquage. L'actrice et réalisatrice Marina Abramovic s'intéresse à la vie sexuelle dans les Balkans avec un segment irrésistible, surréaliste s'achevant sur des plans fixes de soldats au « garde-à-vous ».

 


Clôturant cette compilation, le métrage de Gaspar Noé s'inscrit directement dans le sillage d'Irréversible ou de son clip pour Placebo. Soit de longs plans séquences virevoltants pendant une demi-heure avec pour seul propos le parallèle entre une jeune fille innocente, une poupée gonflable maltraitée et Katsumi à la télévision. Rien de transcendant, juste une expérimentation de mise en scène de plus (la même ?) avec pour seule originalité, l'effet stroboscopique déjà utilisé à la fin d'Irréversible. Accolé à toute la durée du segment, il se révèle au final intéressant de par son couplage avec une sourde respiration et des pleurs d'enfant. Oui, c'est tout, et il nous refait le coup du « Temps détruit tout » avec « We Fuck Alone ». (5/10)

 

 


Par contre, le réalisateur du récent Wassup Rockers semble le seul à s'être vraiment interrogé sur la problématique du film : sexe et pornographie. Alors que les autres privilégient l'esthétique, et parfois l'angle pornographique, Larry Clark pose avant toute chose la question du lien entre le sexe et la pornographie. Qu'est-ce que le porno, ou plutôt à quoi sert-il, à qui s'adresse-t-il ? C'est ainsi qu'il passe une annonce sur Internet pour trouver des garçons intéressés pour coucher avec une pornstar !! Les réponses affluent et le casting peut commencer. Ainsi, le spectateur voit défiler de jeunes américains sur qui le X se révèle avoir la même influence, les mêmes dégâts (rasage de poils, adepte de la performance, curieux de la sodomie, pas contre un peu de « j'te bouscule »). Suit le casting de l'actrice X, de la forcenée du sexe à la victime traumatisée en passant par celle dans le besoin ou la quadragénaire qui se la joue « je la veux entière » même dans la vie. Seul point commun à toutes ou presque, une réticence à laisser entrer quiconque dans leur jardin secret. Sans surprise, l'heureux élu choisit la femme expérimentée et fantasme de ses jeunes années pour une séance de jambes en l'air dont il se souviendrait, tout comme le spectateur. D'un, elle garde ses affreuses baskets tout du long, de deux, elle s'administre un joli lavement en plein ébat et – oups – en laisse un peu dégouliner sur notre apprenti comédien. Ce Impaled (pas besoin de traduire) est à la fois une vraie leçon de cinéma vérité, et un grand moment de rigolade. (8/10)

 

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