Critique : Hi, mom !

Erwan Desbois | 7 novembre 2006
Erwan Desbois | 7 novembre 2006

Second long-métrage de Brian De Palma, Hi, mom ! est déjà dominé par deux des obsessions futures du réalisateur : la place prépondérante donnée à la caméra, et son pendant négatif qu'est le voyeurisme. Un comportement qui n'est toutefois pas utilisé en tant que simple prétexte pour le développement d'une histoire à suspense, comme ce sera souvent le cas dans la suite de la carrière de De Palma, mais est intégré au sein d'une réflexion globale sur le(s) pouvoir(s) de l'image dans notre société moderne.

Le scénario de Hi, mom ! se compose de trois histoires qui sont autant de variations sur ce thème (via le sexe, l'action militante et les médias) reliées par la présence dans chacune d'elles du personnage principal du film, le vétéran du Vietnam Jon Rubin (interprété par un De Niro débutant qui impressionne déjà par sa performance protéiforme). Celui-ci va tout d'abord tenter de percer dans la réalisation de films pornographiques (en proposant à un producteur de filmer ses voisins à leur insu) puis s'engagera dans une troupe de théâtre visant à éveiller les consciences aux discriminations raciales (avec une pièce initulée « Be black baby » qui s'avère plus que mouvementée pour les spectateurs), avant de devenir un terroriste solitaire suite à l'échec des deux initiatives précédentes.

Avec Hi, mom !, De Palma est donc très en phase avec les bouleversements de l'époque (le film date de 1970), sur lesquels il porte un regard extrêmement caustique puisqu'il les montre comme étant sans effet, qu'il s'agisse de la libération sexuelle ou des actions de sensibilisation menées par les défenseurs des droits des noirs. Hi, mom ! démontre un sens réjouissant de la satire sociale et de l'humour grinçant, accompagné de prouesses visuelles annonçant celles qui feront la célébrité du cinéaste par la suite. En plus de la caméra subjective de la séquence d'ouverture, on trouve dans Hi, mom ! des split-screens –(les fenêtres des voisins)– et de longs plans-séquences –(la pièce de théâtre), rendue aussi éprouvante pour le spectateur qu'elle l'est pour le public.

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