Critique : Duelist

Erwan Desbois | 15 mai 2006
Erwan Desbois | 15 mai 2006

Petit exercice de mathématiques : Duelist dure 1h47, soit cent-sept minutes. Par application du théorème de Michael Bay, qui énonce les égalités un plan = une demi-seconde et un effet = deux plans, on obtient pour Duelist un total de 12840 plans et 6420 effets en tous genres – ralentis, filtres, arrêts sur image… Ceux qui, à l'image de la moitié des journalistes présents à la projection de presse qui sont sortis avant la fin, sont allergiques à ce type de cinéma sont donc prévenus : qu'ils passent leur chemin sans regrets.

Les autres (vous qui continuez à lire cette critique, donc) devront tout de même s'armer de courage pour tenir jusqu'au bout, car ils oscilleront en permanence entre courts moments d'émerveillement et longues plages d'ennui ou d'exaspération. Uniquement intéressé par la performance visuelle, le réalisateur Lee Myung-Se délaisse tout le reste et nous livre un scénario indigent (une très vague histoire de complot politique dans la Corée médiévale, réactivée toutes les demi-heures) et des acteurs en roue libre, qui surjouent de manière atroce et affligeante les passages prétendument « comiques ». Un carnage dont il faut avouer qu'il donne plus d'une fois envie de quitter à son tour la salle.

La persévérance dont il faut alors faire preuve est heureusement récompensée à intervalles réguliers par des combats époustouflants de virtuosité et de beauté plastique. Après avoir donné le ton avec une séquence d'ouverture hallucinante (un quart d'heure de poursuite dans un marché avant même que le récit n'ait démarré, et où à une scène sous influence des Incorruptibles en succède une autre tout droit sortie de Benny Hill !), Lee Myung-Se mélange sans retenue tous les genres, toutes les ambiances, toutes les envies. Les duels se transforment alors en chorégraphies protéiformes et oniriques : danse de séduction sur fond de tango, résistance héroïque à un contre cent, affrontement dans le noir le plus complet où seul l'éclat des armes est visible. Le temps de ces scènes, le cinéma reprend ses droits et nous en met plein la vue, faisant oublier récit rachitique et blagues navrantes. L'état de grâce est hélas éphémère, et son souvenir pas assez fort pour faire entièrement oublier les errements de Duelist.

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