Critique : L’Iceberg

Par Vanessa Aubert
3 avril 2006
MAJ : 25 février 2020
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Ouvrez les yeux. Un monde nouveau s’offre à vous. Celui d’une mère de famille dont l’enfermement inopiné dans une chambre froide fait naître la vocation de voir un iceberg de ses propres yeux. Base burlesque produisant un film qui ne l’est pas moins. Fiona en est l’héroïne. Une sorte de girafe à l’écharpe rouge trop longue pour elle. Comparaison loin d’être déplacée puisque le jeu de la comédienne révèle une innocence toute animale. Son corps longiligne pour seul instrument, elle prend en charge l’espace avec une raideur évoluant peu à peu. Issue du théâtre et du cirque, Fiona Gordon a une aisance physique qui ne trompe pas. Dominique Abel, son mari à l’écran et son co-scénariste avec Bruno Romy, confirme lui aussi ce vécu d’homme des planches par un jeu précis.

L’interprétation et l’image apparaissent alors capitales car les mots sont quasi absents durant les 1h24 de film. Tout passe donc par ces êtres de chair aux allures de marionnettes et à la démarche chaplinesque. On se surprend à suivre avec intérêt la quête de Fiona et à tomber avec les personnages dans l’absurde de la situation. Sa rencontre avec le marin et son échappée vers un autre lieu donne une respiration nécessaire à une histoire qui risquait de tourner en rond. Un risque pris malencontreusement par le rythme d’un film qui prend son temps.

La lenteur prend le pas sur la poésie s’échappant des scènes muettes alors qu’elle devrait au contraire la magnifier. Elle nuit régulièrement à l’adhésion totale du spectateur pour un récit à la forme déjà difficile d’accès. Un moyen-métrage aurait peut-être réussi à conserver les envolées poétiques sans les dénaturer et à faire de ce film à petit moyen mais grande énergie une véritable réussite. Reste que des images s’imprègnent. La danse de Fiona sous le drap et l’émergence d’un iceberg de coton, le coup de fil interminable de son mari dans une mairie d’un autre monde, sont autant de moments délicieux dans un film en plans-séquences fixes. Conte burlesque et poétique, L’Iceberg est donc un ovni à conseiller aux peu pressés, adeptes de l’image clownesque et du décalage des situations… mais à un public plus qu’averti.

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