Critique : Firewall

Stéphane Argentin | 3 avril 2006
Stéphane Argentin | 3 avril 2006

Un monsieur-tout-le-monde, mari et père de famille aimant et attentionné mais pas infaillible, prêt à tout pour protéger les siens en cas de danger, voilà bien le fond de commerce d'Harrison Ford depuis près de 20 ans déjà, qu'il soit accusé du meurtre de sa femme (Le Fugitif) ou de sa maîtresse (Présumé innocent), pris pour cible par les membres de l'IRA (Jeux de guerre) ou bien par un esprit revanchard (Apparences), ou encore qu'il doive mettre la main à la pâte quand bien même il se trouve être l'individu le plus puissant du globe (Air Force One). Mais puisque le bonhomme n'a plus 20 ans (il fêtera ses 64 en juillet prochain), Indy n'a plus vraiment l'âge de décocher des droites à tout va comme au bon vieux temps des Aventuriers (« c'est le kilométrage »).

Ça tombe bien car Firewall n'est nullement un « actionner » à base de rebondissements multiples et autres gunfights en tous genres boostés à la sauce bullet-time mais un bon vieux thriller psychologique (ou tout du moins apparenté comme tel). Le scénar, supposé être une remise au goût du jour high-tech des braquages à l'ancienne (le vol s'effectuant désormais électroniquement et non plus l'arme à la main), n'est là encore qu'un prétexte (inutile d'espérer une surenchère technologique style Opération Espadon) à une confrontation nerveuse et de longue haleine entre victimes (la famille de Ford donc) et preneurs d'otages.

Face à un Harrison toujours aussi impeccable mais que certains jugeront peut-être un peu trop répétitif de rôle en rôle (normal après tout puisqu'il rejoue encore et toujours le même type de personnage), Paul Bettany campe un criminel aussi implacable que flippant, prouvant, s'il était encore besoin de le démontrer, que ce comédien britannique est, tout comme son épouse à la ville (Jennifer Connelly), capable de jouer avec talent dans tous les registres et qu'il serait peut-être temps de lui confier autres choses que des rôles de sidekicks, imaginaires (Un homme d'exception), de voyage (Master and commander) ou bien de jeu (La Plus belle victoire).

Abandonnant lui aussi les courts de tennis, le réalisateur Richard Loncraine filme avec rigueur et sans artifices aucun (pas de ralentis ni de montage clipesque et épileptique) ce mano à mano entre les deux individus avant de se lancer dans une course finale lorgnant ouvertement du côté d'un certain 24 heures chrono, la présence de Mary Lynn Rajskub (Chloe O'Brian dans la série avec Kiefer Sutherland) renforçant encore cette impression. Certains avaleront alors moyennement la couleuvre permettant de relancer l'intrigue grâce au flair (au sens propre) d'Harrison, tout comme ils apprécieront sans doute tout aussi moyennement les dernières minutes qui, tout comme le reste du film, sentent bon le passage obligé. Mais à défaut de surprises, Firewall est un petit thriller solidement bâti, interprété et filmé, à condition de ne pas être allergique à un Harrison Ford interprétant le même personnage encore et toujours, tout en tolérant quelques raccourcis scénaristiques un peu faciles.

Résumé

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