Critique : Aurore

Ilan Ferry | 21 mars 2006
Ilan Ferry | 21 mars 2006

De la Belle et la Bête à Peau d'Ane, les incursions françaises dans le conte de fées ont été peu nombreuses mais mémorables. Nils Tavernier, réalisateur ayant fait ses armes dans le documentaire (et accessoirement fils de…) entend pour sa première fiction renouer avec un genre trop peu présent dans nos salles obscures. Cependant, entre l'univers du fils Tavernier et celui des princes et princesses, il y a un fossé que le réalisateur peine à franchir.

A l'instar de son documentaire Tout près des étoiles, Aurore confirme la grande passion du réalisateur pour la danse classique, mais le résultat se révèle malheureusement bien en deçà de nos attentes. Si allier la poésie de la danse classique à celle du conte de fées relevait à priori de l'heureux mariage, Nils Tavernier arrivé à la jonction des deux, se voit amener à faire un choix peu cinématographique et à moitié assumé. En effet, passé les quinze premières minutes, le scénario apparaît clairement comme un prétexte à l'exécution de numéros de danses classiques totalement gratuits et sans aucun intérêt narratif. Trop courtes et purement scéniques, elles démontrent cependant d'un certain talent pour filmer les corps en mouvements, sublimés par la somptueuse photographie d'Antoine Roch et l'envoûtante musique de Carolin Petit. Pourtant, force est de constater que le réalisateur se prend très rapidement les pieds dans son propre concept et perd le spectateur en route. Sur un rythme très lent, Aurore déroule une intrigue trop basique – même pour un conte de fées – dans laquelle Margaux Chatelier et Nicolas Le Riche font ce qu'ils peuvent pour donner à leurs personnages un peu de consistance (et pour cause puisqu'ils sont avant tout danseurs classiques et non comédiens), mais malgré des efforts louables, leur histoire d'amour demeure peu crédible. Seuls Carole Bouquet, touchante en reine meurtrie, et François Berléand tour à tour vulnérable et autoritaire tirent efficacement leurs épingles du jeu réussissant ainsi à insuffler une certaine substance à un ensemble désespérément plat.

Pétri d'autant de défauts que de bonnes intentions, le film demeure trop conceptuel pour les enfants et pas assez fouillé pour les adultes, et souffre ainsi de sa trop forte filiation avec le ballet dont il n'arrive jamais à s'affranchir. Au final, Nils Tavernier signe un beau ballet mais un film bancal. Et si plastiquement, Aurore se donne les moyens de ses ambitions, retranscrivant comme il se doit ce microcosme féerique, il n'arrive cependant jamais à nous emporter malgré un beau final dans les nuages. Le comble pour un conte de fées…

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