Critique : Sisters in law

Magali Cirillo | 8 mars 2006
Magali Cirillo | 8 mars 2006

C'est le 8 mars, Journée internationale de la femme, que sort Sisters in law. On ne pouvait trouver meilleure date pour ce documentaire poignant, émouvant mais surtout plein d'espoir. Car ce film raconte les combats de deux femmes camerounaises : l'une est conseillère d'État, l'autre présidente de la cour. Toutes deux sont des femmes qui luttent pour les autres femmes, pour la justice.

On suit donc les dossiers de plusieurs plaignantes. Certaines sont très jeunes, comme la petite Manka, 6 ans, le corps recouvert de cicatrices, battue par une tante qui ne se rend même pas compte du mal qu'elle lui fait. On retrouve aussi Sonita, à peine plus âgée, puisqu'elle a tout juste 10 ans. Son cas est effarant : la fillette est victime d'un viol commis par son voisin. Le procès, lui, prend aux tripes : avec un aplomb révoltant, le voisin ose nier les faits : « Je ne l'ai pas violée. J'étais tranquillement assis en train de lire la Bible quand elle a sonné à ma porte et qu'elle m'a proposé des relations sexuelles… ». La caméra se fixe alors sur ce regard, glaçant, fuyant, d'un homme incapable de regarder la présidente en face. Sans oublier la douce Amina, cas exemplaire, dont on partage les angoisses et les espoirs. Jusqu'au verdict, à la fin du film, on tremble pour cette femme battue par un mari qui ne comprend pas pourquoi son épouse ne lui demande pas d'autorisation pour sortir. Amina sera la 1re femme camerounaise qui obtient le divorce et parvient à faire condamner son conjoint pour violences. Et avec elle, on a le sentiment d'assister à un événement historique.

Les deux réalisatrices, Kim Longinotto et Florence Ayisi ont eu l'intelligence de s'effacer complètement. La caméra se fait toute petite, les protagonistes, et c'est surprenant, semblent l'ignorer, et ce, même dans des circonstances relativement gênantes. Ici, tout est filmé avec pudeur, et malgré la gravité de certains faits, on ne tombe jamais dans le pathos ni le mélo. Les deux « héroïnes », femmes de poigne et de cœur, ne cèdent jamais à la tentation de montrer du doigt. On en ressort forcément touché(e) mais aussi revigoré(e). Que l'on soit un homme ou une femme…

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