Une journée en enfer - Die hard 3 : critique horizontale

Guillaume Meral | 4 juin 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Guillaume Meral | 4 juin 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

En 1994, lorsqu'Andrew Vajna, succède à Laurence Gordon et Joel Silver au poste de producteur sur la saga, John McTiernan se trouve quelque peu au creux de la vague. Couronné par les succès de Predator et Piège de cristal, puis consacré par le méga-carton d'A la poursuite d'Octobre Rouge, le cinéaste essuie deux revers consécutifs avec les échecs de Medecine man et surtout Last action hero. Retour à la case départ pour le cinéaste donc, qui a besoin d'un succès pour remonter sur les marches du podium, du moins est-ce l'image qu'il choisit de projeter aux producteurs venus l'appâter. 

En effet, Une journée en enfer s'apparente à de nombreux égards à un acte terroriste de sa part, comme s'il s'agissait de cracher un gros molard dans la soupe pour être sur que personne n'ait plus envie d'y goûter. John McTiernan ne pouvait décemment se contenter de suivre les traces du réalisateur acceptant de montrer patte blanche pour conserver sa place sur la A-List, et va se servir du projet comme Cheval de Troie pour signer une bonne fois pour toute le testament de la franchise et, par extension, du genre tout entier. Vous n'avez pas voulu de la transition en douceur avec Last Action Hero ? Vous aurez droit à la manière forte avec Une journée en enfer. Attention, le baroud d'honneur va piquer.

 

photoCette énigme ne vient pas du père Fouras

 

D'emblée, l'ouverture du film donne le ton. Après quelques plans nous dépeignant avec entrain la vie new-yorkaise, une explosion vient brutalement interrompre cette exposition touristique. Si le début de Piège de cristal installait le spectateur dans un songe, alors celui d'Une journée en enfer fait office de réveil brutal, façon horloge stridente qui vous promet une journée difficile (ce n'est d'ailleurs pas un hasard si l'on retrouve McClane en train d'émerger de sa gueule de bois).

Le choix d'étendre la zone d'action à une ville toute entière semble ici émaner de deux soucis complémentaires : d'abord élargir la zone de jeu pour accentuer l'empreinte chaotique de l'environnement, et confronter ses personnages au réel pour la franchise « confort » ouaté du soigneusement délimité. Or, la résurgence du réel s'impose comme l'enjeu thématique et formel principal du film, celui par lequel McTiernan va véritablement effectuer son travail de transgression. En réintroduisant la caméra à l'épaule dans le cinéma populaire, outil appelé à devenir la norme la décennie suivante, McTiernan fait ostentatoirement pénétrer le chaos du réel dans le tissu fictionnel, systématisant de plus en plus le procédé à mesure que McClane et Zeus se rapprochent de leur ennemi.

 

photoZeus et McClane

 

Un formalisme destiné à relayer le sentiment d'urgence imposé par une situation en effervescence, mais qui sonnera comme la corruption des ressorts de la fiction lorsque McClane comprendra la machination de Simon au détour d'un magistral travelling-compensé. A ce titre, il est rageant que les producteurs aient choisi d'éjecter la fin originellement tournée, visible sur le DVD & Blu-ray, pour la remplacer par un climax (tourné par Jonathan Mostow quelques semaines avant la sortie) beaucoup plus consensuel.

D'une certaine façon, Une journée en enfer constitue l'exacerbation littérale de l'univers de McT, qui n'a peut-être jamais cinématisé ses thématiques qu'avec ce film. A tel point que si l'on pouvait parler de surfictionnalisation devant la narration très particulière du premier film, on emploiera à l'inverse le terme de surréel concernant Une journée en enfer : McT s'ingénie à prendre le concept de réel d'assaut dans son acception la plus chaotique. Une démarche répondant à une logique cinégénique, dans la mesure où l'amplification de l'unité de lieu exigeait des partis-pris de mise en scène susceptibles de s'adapter à ce changement, mais également à une logique théorique de la part du réalisateur, visiblement conscient d'emmener le genre au bord du précipice.

Signe qui ne trompe pas, la reprise durant la prise de la banque fédérale américaine par l'armée de Simon de la partition militaire utilisée par Stanley Kubrick sur Dr Folamour, film précisément centré sur les dernières heures d'un monde ayant activé le mode autodestruction. Soit une définition qui sied parfaitement à ce troisième Die Hard. Le last action movie ?

 

Résumé

Frère jumeau et pourtant conceptuellement antithétique du premier Die Hard, Une Journée en enfer sera l'ultime sommet de lfranchise... avant une grosse descente aux enfers.

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Lecteurs

(4.5)

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commentaires
Monsieur Vide
28/05/2020 à 08:50

Il était mon préféré pendant des années. Puis j ai revu le deux plus âgé et je dois dire que je m'amuse bien en suivant MacLane dans l'aéroport. Du coup le premier est mon préféré maintenant que j' ai plus de quarante balais! Et le deux réévalué ! En tout cas , sacré trilogie ! Bon le 4 est ok bien que trop long. Ça s'arrête là.

Dirty Harry
05/06/2018 à 16:30

@ The Moon : merci l'ami ! Des années que je refais la mixture dans des bidons qui fuient, au fond de ma grange (celle où je laisse vivre mon enfant triso s'aérer dans le purin) enfin ma vie va pouvoir reprendre son envol, son harmonie initiale et le grand tout va devenir cosmique.
Sans rire ce test c'est...bidon ?

Hildegarnic
05/06/2018 à 14:28

Si ça n'était lui, je pense que je ne me serais jamais intéressé à la saga. C'est d'ailleurs le premier que j'avais vu, en plus :)

Gaspard
05/06/2018 à 13:38

Revu hier soir, j'avais pas le souvenir d'un film aussi efficace et d'un mcT toujours aussi efficace dans la sophistication! Moins bien que ses chefs d'œuvre, mais toujours au dessus du lot!

Arnaud
05/06/2018 à 13:25

L'autre methode etant de remplir le bidon de 5 gallons puis de le vider dans celui de 3. Il te restera donc 2 gallons dans le bidon de 5.
Tu vides le bidon de 3 gallons puis tu transvases tes 2 gallons du bidon de 5 vers celui de 3
Tu remplis de nouveau ton bidon de 5 gallons et tu le vide de nouveau dans celui de 3. Comme il y a deja 2 gallons, tu ne pourras completer qu'avec un seul gallon et donc vider le bidon de 5 gallons d'un seul gallon d'eau (il en restera donc 4)

Apres j'avoue que j'ai mis un sacré temps a l'epoque a comprendre comment faire :D

TheMoon
05/06/2018 à 12:33

@Dirty Harry,

Il y a plusieur methodes pour resoudre l'énigme des 4 gallons d'eau.

Tu remplis le bidon de 3 galons, tu le vers ensuite dans celui de 5,

Tu remplis de nouveau le bidon de 3 galons que tu vide dans le bidon de 5.

Comme il y avait déjà 3 gallons dans le bidon de 5, tu ne pourras pas vider tonnouveau bidon de 3 galons.

Mais ua moin il te resteras un gallon dans le bidon de 3.

Tu vides ton bidon de 5 gallons et tu y verse le gallons restant dans le bidon de 3 gallons.

Il ne te reste plus qu'a ajouter 3 gallons d'eau (avec le bidon de 3 gallons) dans le bidon de 5 gallons et tadaaaaaaaaaaaaaaaaaa tu aura 4 gallons dans un bidons de 5...

Starfox
05/06/2018 à 11:55

Débrancher l'assistance auto de la mercedes pour faire un virevoltant tête-à-queue à l'ancienne et dégommer les méchants en marche arrière, c'est quasiment de l'art contemporain. Et le tout, bien sûr, avec de vraies bagnoles.

Arnaud
05/06/2018 à 10:28

J'aurais quand meme pas mis 5 etoiles a ce film. C'est un monument du film d'action, un chef d'oeuvre du genre meme, mais qui souffre de ralentissements criants dans son rythme (la partie dans l'ecole notamment) et d'une durée un peu trop longue qui tire le film un peu trop sur la fin.

Mais a part ca, quel film !!!

Pseudo1
05/06/2018 à 10:16

Quelle baffe ce film !
Découvert avant Piège de Cristal (à l'époque où les TV diffusaient et rediffusaient les 2 et 3, mais rechignaient à passer le 1 - étrangement pareil avec Star Wars 4-5-6), il est devenu illico mon film d'action préféré (et pourtant je les enquillaient étant gosse) et n'a jamais perdu ce titre depuis plus de 20 ans.
Le duo Willis-Jackson est impayable ("Tout va comme vous voulez cher Monsieur? On prend le frais" à un McClane affublé de son panneau ^^), mais surtout Irons est fantastique. Un des meilleurs méchants de tout le cinéma, que j'ai peut-être même tendance à préférer à Hans Gruber tant sa partition tout en retenue et en faux-semblants est jubilatoire.
Niveau réa, tout a été dit dans les précédents comms : McT est un dieu !
Et sérieux, cette scène de braquage sur fond de "When Johnny Comes Marching Home" ! Juste magique !

PS: à ceux qui se languissent de McT, on lui doit dernièrement le trailer de Ghost Recon Wildlands, où on retrouve immédiatement son style.
lien : https://youtu.be/wK07wbqQcys?t=5s

Karlito
05/06/2018 à 09:46

La vraie fin du film est visible sur le net. Une roulette russe à base de bazooka :)

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