Critique : Falling into paradise

Nicolas Thys | 22 février 2006
Nicolas Thys | 22 février 2006

On ne sait pas si l'absurde, le grand-guignolesque et l'extravagance la plus extrême font partie de la culture populaire yougoslave en général ou plus particulièrement du cinéma d'Emir Kusturica, mais ce que prouve Falling into Paradise, film serbe de Milos Radovic, une sorte de Grande Vadrouille des balkans, c'est qu'il ne suffit pas de faire se succéder à la chaîne des séquences d'un humour des plus tordus sur fond de musique folk yougoslave à la manière de Goran Bregovic pour prétendre avoir l'envergure d'un cinéaste de renom. Chat noir Chat Blanc ou Underground sont encore bien loin d'être égalés.

L'idée de départ pouvait sembler bonne ou du moins originale : une comédie familiale à Belgrade en 1999 durant l'embargo de l'OTAN, avec une mère à moitié folle, son fils, un roi du marché noir qui balance des roquettes sur les avions américains, sa fille, qui rêve des États-Unis en jouant les pin-up sur le toit de sa maison pour les pilotes de ces mêmes avions, et sa petite-fille qui semble un peu à l'ouest dans tout ce charivari. Mais après une demi-heure de film, le rythme ne tient plus, le scénario n'a de cesse d'aller toujours plus loin et d'en rajouter, couche après couche, jusqu'à l'écœurement et le ridicule le plus complet.

Si de bout en bout Milos Radovic cherche à sortir des sentiers battus et à s'extraire des clichés, c'est pour finir par y retourner de plus belle, et parfois de façon plus grotesque encore comme le montre le retournement final dont on laissera la surprise à ceux qui auraient envie de tenter leur chance en salle. Et même si la prestation des comédiens est très convaincante, ceux-ci ne parviennent pas à sauver ce film de la noyade. Au final, si la vision du film nous apprend une chose, c'est qu'à trop vouloir sortir de l'artificiel on finit par s'y engouffrer davantage encore. Toute la structure du film s'étiole et se désagrège petit à petit et le côté politique, tant le couplet pacifiste que les relations américano-serbes, qui aurait pu devenir intéressant s'il avait été mieux maîtrisé, est complètement évacué et en devient niais.

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