Critique : Toute la beauté du monde

Stéphane Argentin | 6 février 2006
Stéphane Argentin | 6 février 2006

Après un premier long-métrage réussi, Le cœur des hommes, l'ex-journaliste Marc Esposito renoue pour la deuxième fois avec son registre de prédilection, la comédie romantique, en adaptant son propre roman (paru avant la réalisation de son premier long) : Toute la beauté du monde.

Un titre évocateur qui, à lui seul, caractérise la première composante du film, la seconde pouvant se résumer à cette simple phrase de Marc Lavoine à propos de son coup de foudre : « Huit mots de vocabulaire et deux de Q.I. ». En effet, passée la première demi-heure de présentation du couple vedette – un globe-trotter célibataire n'ayant jamais connu le grand amour qui va craquer au premier regard pour cette veuve éplorée et inconsolable –, Toute la beauté du monde ressemble très rapidement à un album photos en cinémascope de l'Indonésie sur fond de compil de toutes les musiques romantico-nostalgiques qui sont passées par la tête du cinéaste. Esposito cherchait-il à concurrencer Cameron Crowe en accumulant le plus grand nombre de titres au cours du film et / ou à catalyser / accélérer les sentiments à travers ces musiques ? Dans un cas comme dans l'autre, le but escompté n'est pas atteint.

Là où Le cœur des hommes visait sentimentalement juste, Toute la beauté du monde nous laisse rapidement de marbre, précisément en raison de ces « huit mots de vocabulaire et deux de Q.I. ». Certes, l'Amour (avec un grand A) est supposé rendre tout chose et l'on ne demande pas obligatoirement de grandes proses pour déclarer sa flamme à sa bien-aimée, mais de là à accumuler durant 1h10 des scènes aux dialogues aussi naïfs, il y a tout de même un juste milieu. Entre deux cartes postales de la luxuriante région de Bali, la caméra du cinéaste ondule incessamment et avec délectation (envie ?) sur le corps tout aussi agréable à l'œil de Zoé Felix, ravagée par le chagrin, tandis que Marc Lavoine, d'un stoïcisme qui frise l'irréel dans sa conquête de la Belle, pleure le sien auprès de son meilleur ami campé par Jean-Pierre Darroussin (à qui l'on doit quelques unes des meilleures répliques du film).

Face à tant de passivité simpliste et répétitive, les spectateurs, y compris les inconditionnels du genre, auront rapidement envie de conseiller à Marc Lavoine d'abréger ses souffrances (et les nôtres) en « concluant » au plus vite ou bien en passant à la suite. Espérons que le scénariste – réalisateur Marc Esposito suivra ce conseil avec Le cœur des hommes 2 prévu pour 2007.

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