Critique : Allegro

Ilan Ferry | 29 janvier 2006
Ilan Ferry | 29 janvier 2006

Après Reconstruction, le réalisateur Christoffer Boe continue sa recherche d'une forme en perpétuel changement. Le résultat : Allegro est un film étrange, aussi ennuyeux sur le fond qu'intéressant sur la forme.

À travers cette histoire de musicien parti à la recherche de ses souvenirs enfouis, Boe interroge avec plus ou moins de pertinence notre rapport à la mémoire. Malheureusement, malgré de très bonnes idées dont l'utilisation d'un lieu étrange appelé « La Zone » comme centre de convergence des souvenirs du héros, l'ensemble demeure malheureusement trop plat et n'arrive jamais vraiment à nous émouvoir. En dépit d'une histoire d'amour perdu qui sert de fil conducteur à l'intrigue le spectateur ne ressent jamais de véritable empathie pour les personnages ou leur histoire, la faute en incombe à des ellipses mal agencées et une réalisation trop anesthésiante. Un fait d'autant plus dommageable que le film demeure visuellement très intéressant : filtres utilisés à outrance, effets de montage cut ou encore transitions dessinées de façon minimaliste, l'image semble malléable à souhait dès que l'on rentre dans ce véritable dédale mémoriel qu'est « La Zone ». Hélas, le réalisateur n'exploite jamais cette idée jusqu'au bout et opte pour un traitement essentiellement scénique où le personnage ne fait qu'ouvrir des portes au sens strict et figuré.

Si la démarche du réalisateur ne peut en soi être totalement condamnable, car révélatrice d'un véritable parti pris, l'impression de déjà vu qui s'en dégage se fait de plus en plus pesante et laisse place à un triste constat : en filigrane, Allegro est un ersatz de Solaris, pour son incursion des fantômes du passé dans un univers parallèle, et Eternal Sunshine of the spotless mind auquel le film de Boe réemprunte l'idée de voyage au cœur de la mémoire. Pourtant, à de rares moments le réalisateur danois arrive à insuffler à son film une certaine vigueur par l'intermédiaire de scènes dont l'absurdité renforce l'ambiance particulière de l'ensemble.

On aimerait aimer Allegro, être touché par son histoire et sa forme, mais il lui manque le supplément d'âme qui permettrait au spectateur de rentrer de plein pied dans son univers et se laisser emporter par son lyrisme.

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