Critique : Les Dames de Cornouailles
Il est des petits films qui comme les voitures ont tout des grands. Les Dames de Cornouailles est de ceux-ci.
En accueillant un jeune naufragé dans leur petit cottage sécurisé, les surs Widdington modifient leurs habitudes pour veiller à son rétablissement. Andrea le bel inconnu va peu à peu recouvrer sa santé et la parole alors que des blessures vont se réveiller chez Ursula et Janet. C'est entre ces trois personnages que Charles Dance tisse l'histoire de son premier long-métrage en tant que réalisateur. Habitué de la Royal Shakespeare Company, ce comédien britannique s'est fait connaître par ses nombreux rôles au cinéma tels en éditeur de Charlotte Rampling dans le Swimming Pool d'Ozon ou dans Gosford Park d'Altman aux côtés de Maggie Smith. Peu étonnant qu'il choisisse cette dernière pour être l'une des deux ladies de sa première réalisation. L'associer à Judy Dench concourt à la réussite du film. Le duo qu'elles forment est parfait de connivence et de roublardise pour des comédiennes, amies dans la vie.
Charles Dance offre à Maggie Smith (Janet) le rôle de la protectrice grande sur alors que la naïveté touchante de la cadette revient à Judy Dench (Ursula). La femme d'âge mûr retrouve ses émois d'adolescente au contact de cet homme mystérieux dont la langue, le milieu et la provenance lui sont étrangers. En plaçant en 1936 et non 1900 l'intrigue de la nouvelle de William J. Locke dont il s'inspire, le réalisateur ancre davantage son film dans les tourments de l'histoire lui conférant un mystère supplémentaire. Il trouve en Daniel Brühl son naufragé polonais auquel l'acteur phare de Goodbye Lenin donne toute l'innocence et la fraîcheur nécessaire. Le trio fonctionne à merveille au sein d'un décor et d'une ambiance so british dont les effluves de thé chaud vous titillent les narines en permanence.
Les personnages secondaires ajoutent au pittoresque du cadre et apportent un humour très flegmatique. Si l'arrivée de la belle Olga (Natascha McElhone) dans le trio bien rodé ne fait qu'instituer davantage le mystère planant autour d'Andrea, le charme du médecin et le comportement bourru de la gouvernante conduisent à des scènes touchant du doigt le burlesque. Le romantisme reste pourtant sous-jacent par des paysages d'une rare beauté et une musique omniprésente mise au service de l'histoire. On se plait dans cette atmosphère d'une autre lieu et d'un autre temps où les chamailleries des deux surs sont jouissives. On se plait à voir deux grandes actrices jouer aux petites filles avec dignité, retenue et sans jamais tomber dans l'absurde. De vraies ladies.
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