The Saddest Music in the World : Critiqu

La morosité ambiante des années trente l'inspire lui et son héroïne Lady Port-Huntly, femme de poigne à la tête d'une société de bière. Par une logique implacable, elle décide de créer ce concours pour encourager les gens à consommer sans modération. La tristesse noyée dans l'alcool lui sert de fonds de commerce et de prétexte à un film en marge. Maddin sublime Isabella Rossellini en lui confiant ce rôle de reine capricieuse. Admirateur de Lynch, il fait tourner son égérie et replace sur le devant de la scène une actrice trop oubliée dont la beauté et la force de jeu sont révélées par une image d'un autre temps. Noir et blanc quasi permanents, visages surexposés à la lumière, image vieillie à souhait, l'homme sait manipuler la matière et le spectateur pour lui faire croire à un retour en arrière. Seuls les acteurs attestent de la contemporanéité du film.

Maria de Medeiros se fond dans cet univers fortement influencé par l'expressionnisme allemand et l'on se surprend à attendre Dietrich au coin de la rue. Bluffant visuellement, The Saddest Music in the world n'en est pas moins décevant scénaristiquement. Si l'idée de base saugrenue laissait présager le meilleur, le développement qui en est fait embrume l'esprit. Les histoires annexes se mêlent pour parfois s'emmêler vraiment et seules quelques trouvailles (les jambes de bière de la Bella Rossellini) parviennent à attirer l'attention. L'absurde règne mais l'ennui gagne et le délire de Maddin laisse parfois de marbre. Reste un film dont l'image méduse, dont l'originalité bouscule mais dont les mélanges nuisent gravement à la beauté.