Critique : Boulevard du Crépuscule

Laurent Pécha | 12 janvier 2007
Laurent Pécha | 12 janvier 2007

Trop souvent galvaudé le mot chef-d'oeuvre prend tout son sens avec Boulevard du crépuscule. Cette histoire de scénariste fauché poursuivi par ses créanciers et trouvant refuge chez une ancienne star du muet oubliée de tous sert de prétexte à Billy Wilder pour brosser un portrait au vitriol et pourtant étonnamment lucide de la jungle hollywoodienne. Jeu de miroir incroyablement fascinant et troublant surtout quand on sait que Gloria Swanson et Eric Von Stroheim ne sont pas loin de jouer leur propre rôle d'artistes déchus, Boulevard du crépuscule possède une audace narrative inégalable à l'instar d'une utilisation génialissime du flash-back et de la voix off (c'est un mort qui raconte l'histoire).

Brouillant les cartes avec maestria (le studio que l'on découvre, c'est bien Paramount, le célèbre réalisateur qui rejette poliment Norma Desmond, c'est vraiment Cecil B. DeMille dont Gloria Swanson fut la star attitrée durant sa période muette,…), Billy Wilder n'hésite jamais à charger une usine à rêve boursouflée qui exploite puis rejette les siens sans aucun remord, où tout n'est qu'illusion, douce (quand le succès est là) ou amère et cruelle. Pour autant, le cinéaste n'oublie pas de mettre en évidence avec justesse tout le respect et l'amour qu'il a pour la magie de son art. À l'image de la légendaire séquence finale où le temps d'une brève descente d'escalier Gloria Swanson (l'un des deux ou trois numéros d'actrice les plus impressionnants du 7ème art) et Von Stroheim redeviennent ce qu'ils n'auraient jamais aimé cesser d'être : une star et un réalisateur.

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