Critique : Backstage

« Qu'est que je fous là, moi ? » s'exclame dans sa voiture le personnage interprété par Samuel Benchetrit. Nous sommes alors aux trois quarts du film et dire que l'on partage au plus haut point le sentiment du comédien est d'une évidence confondante. C'est poutant connu, les bonnes intentions n'ont jamais suffi à faire un bon film, encore moins lorsqu'elles s'accompagnent d'une suffisance, d'une prétention irritante car tellement hautaine. Sorte de portrait au vitriol des dangers du star system et de la télé-réalité, Backstage cherche à capter l'essence d'une relation destructrice entre une fan névrosée, hystérique et pas bien dans sa peau (Isild Le Besco) et une star névrosée (encore !?), capricieuse et brisée par une histoire d'amour qui a mal fini (Emmanuelle Seigner). Seulement voilà, une fois établie avec une subtilité psychologique que l'on cherche encore, la relation exacerbée faite d'attirance, de répulsion ou d'indifférence de ces deux jeunes femmes immatures et dépassées par la vraie vie, Backstage se met en standby créatif.

Dommage car il reste alors plus d'une heure quarante pour découvrir que rien n'évoluera. Tout le monde restant campé sur ses positions, l'on a alors tout le loisir de tenter de supporter l'impressionnant numéro de tête à claques d'Isild Le Besco, de bout en bout hystérique et outrancière, de se fendre la poire aux paroles des chansons interprétées avec beaucoup d'aplomb par la très professionnelle Emmanuelle Seigner, ou encore de littéralement halluciner sur le jeu nullissime du garde du corps de la star. Quant au dernier quart d'heure et son ultime acte de « bravoure » de la fan pour plaire à sa star, il atteint de tels sommets de ridicule qu'il finit d'imposer Backstage comme l'un des films français les plus ratés de l'année.